Une caravane artistique, composée de dizaines d’artistes, comédiens et autres acteurs de l’univers culturel, a sillonné, mardi dernier dans la soirée, les ruelles du chef-lieu de la commune d’Aghbalou, Takerboust, «en signe de soutien aux initiateurs du Festival du théâtre amazigh». Pour rappel, ce festival, qui devait se tenir durant ce mois de Ramadhan, n’a pas pu avoir lieu, faute d’autorisation. Une autorisation que le maire d’Aghbalou a refusé de délivrer aux organisateurs. Ces derniers assimilent ce refus à une «volonté de casser la dynamique culturelle dans la commune». Ainsi, pour «dénoncer cette interdiction à peine voilée», ils ont décidé d’organiser cette caravane artistique. Celle-ci s’est ébranlée peu après 22 heures, pour sillonner l’artère principale du chef-lieu communal, produisant, à chaque halte, des spectacles d’échassiers, de marionnettes, et de clowns, dans une ambiance endiablée. Le tout égayé par des percussions d’Idhabalen. Le long de leur trajet qui l’a menée jusqu’au siège de la marie, la foule, qui ne cessait de grossir, a scandé, à gorge déployée, «Assa Azzeka Amzgun yella yella !», et repris en chœur «Ijthagh avrid anaadi», la célèbre chanson d’Ali Idheflawen. A hauteur de la place centrale de la localité, une courte prise de parole a été improvisée par les organisateurs. Lors de sa brève allocution, un animateur du mouvement associatif local s’est adressé à la foule, en réaffirmant «l’attachement des organisateurs et du public au théâtre et à la culture». Pour sa part, Nacer Terrad, président de l’association Ithran et l’un des initiateurs du Festival du théâtre amazigh d’Aghbalou, a tenu à réitérer l’«indignation des organisateurs de la manifestation devant le refus du maire de leur délivrer des autorisations nécessaires». Il s’interroge : «Comment est-ce possible de tolérer deux éditions du Festival, à savoir celles de 2016 et de 2017, qui se sont déroulées au niveau de l’école primaire, et d’interdire celle de cette année ?». Réagissant à la proposition du wali de Bouira les invitant à délocaliser la manifestation vers le chef-lieu de wilaya, M. Terrad a expliqué que les organisateurs ne sont pas contre cette idée, mais, selon lui, «le Festival du théâtre amazigh d’Aghbalou a été conçu, à l’origine, pour animer la vie culturelle locale, où les activités de ce genre et les structures d’accueil manquent cruellement». «Notre souhait, c’est de maintenir le festival dans notre commune. Pour cela, nous demandons l’accompagnement des autorités locales par la mise en place de structures culturelles adéquates», a indiqué M Terrad. A noter que la caravane a pris fin vers minuit.
Djamel M.