Le chirurgien condamné à 18 mois ferme pour «tchipa»

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“Je sortais du bloc opératoire. J’étais fatigué, stressé. Il a glissé l’argent dans ma poche et je l’ai pris pour me défaire de son insistance tout en me promettant, en mon for intérieur, de le rendre après”. L’argumentation du Dr Tahar Hamdad, spécialiste en chirurgien général, n’a pas convaincu le tribunal de Sidi Aïch. Il a été condamné hier, lors d’un procès marqué par la forte présence de ses confrères, à 18 mois de prison ferme et à 6 000 DA d’amende pour “tchipa”. A tout prendre, il s’en sort à bon compte : le parquet avait requis contre lui cinq ans d’emprisonnement.Mercredi dernier, il était tombé dans la souricière que lui tendait la police et qui avait conclu à l’encaissement de 4 000 DA de la part du père de l’enfant qu’il venait d’opérer à l’hôpital Rachid-Belhocine de Sidi Aïch.“Le père a insisté pour me remettre cet argent pour, croyait-il parfaire l’opération. Malgré mon refus, il a proposé de me le faire parvenir par le biais d’une infirmière qui exerce dans le même hôpital et qui est une parente à lui. Je me promettais de tout lui rendre par le biais de cette même infirmière dès que je la verrai. La police est arrivée bien avant”, s’est encore défendu le chirurgien.La défense constituée de trois avocats, a pour sa part, tenté de semer le doute quant aux motivations de la partie civile, c’est-à-dire du père du garçon opéré.“C’est un ancien militaire bien familier des jeux du système qui a agi ainsi, en embuscade, pour vider le secteur public des rares spécialistes qui acceptent d’y exercer encore et faire le jeu des cliniques privées”, tempête un avocat.Le verdict rendu par le tribunal a bien entendu mécontenté la défense qui promet d’interjeter appel. Des médecins, venus en nombre, à l’appel du SNPSSP (Syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique), ont longtemps commenté dans les couloirs du tribunal le verdict.

Salah Ben/M.B.

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