Le poulet rare et cher

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“La filière avicole est malade. Pire, elle risque de s’effondrer totalement et définitivement”. Cette affirmation de M. BélaÏd, commerçant de viande blanche, pour alarmiste qu’elle soit, n’en reflète pas moins une réalité tangible puisque — et ce n’est pas le moindre des paradoxes induits par l’apparition dans le monde de la grippe aviaire — les prix grimpent quotidiennement. Hier, le roi poulet affichait une cote de 260 DA à Béjaïa, 280 DA à Akbou ! Les marchands de volaille et d’œufs qui se disent asphyxiés par l’écroulement du marché d’une part, et le harcèlement des autorités qui sanctionnent à tour de bras ont, dans le point de presse qu’ils ont tenu hier au bureau communal de l’UGCA à l’unisson, éreinté l’arrêté du wali du 13 février 2006 interdisant la vente des volailles et œufs au niveau des marchés. Non pas qu’ils récusent en quoi que ce soit le principe de précaution avancé par les pouvoirs publics, mais plutôt le fait que ce soit fait “dans une certaine précipitation” et sans qu’ils n’aient été associés de quelque manière que ce soit à cette décision. De plus, avancent-ils, “nous demeurons sans interlocuteurs, et personne ne veut prendre en charge nos doléances, ni même nous écouter”.L’autre volet de l’arrêté qui impose l’abattage des volailles dans des tueries (2 à Béjaïa, 1 à Akbou) et son conditionnement dans des barquettes sous cellophane ne fait pas l’unanimité. Tant s’en faut ! La cellophane, celle-là même utilisée pour les dattes, n’est pas conçue pour envelopper des produits alimentaires car non perforée. Ce qui raccourcit de manière drastique les délais de conservation des gallinacés à peine 24 heures au lieu de 3 jours portés sur l’étiquette. Les pertes sont donc conséquentes pour les marchands de volailles. Quant aux prix qui ne cessent de grimper, l’argument de la rareté du produit chez les producteurs est avancé au premier chef. La psychose générée par le battage médiatique autour du virus H5N1 a fait que beaucoup d’éleveurs ont carrément arrêté la production de poulets de chair. De plus, les tueries, mal équipées, prennent 25 DA par poulet et 100 DA pour le poulet découpé (4 parts/4 barquettes !). La tendance sera donc à la hausse, tout du moins jusqu’à l’arrivée sur le marché de la prochaine couvée. Le prix de cession du volatile sur pattes tourne autour de 180 DA/kg. Le risque est grand de voir ce produit grimper jusqu’à 300 DA au détail et peut être plus, avec l’arrivée prochaine du “Mouloud”. La filière est certes menacée. Mais c’est le consommateur qui paie le plus fort prix, au propre comme au figuré.Signalons enfin que les marchands de volailles entendent radicaliser leur “protesta” qu’ils comptent porter dans la rue. C’est ainsi qu’ils prévoient une grève de trois jours, ponctuée d’une marche.

Mustapha Ramdani

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