Les Africains proposent leurs solutions

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Les pays africains veulent traiter du problème de l’immigration clandestine en bloc et demandent à l’Occident un traitement plus humain des immigrants. C’est le message livré, hier, par Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères et Alpha Aumar Konaré, président de la commission de l’Union africaine, à l’ouverture de la réunion du haut niveau de l’Union africaine sur la migration et le développement. La rencontre à laquelle ont participé des experts de tous les pays de l’UA et des représentants des pays européens, vise d’abord, d’après Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, à permettre aux Africains d’avoir une position concertée pour d’éventuelles négociations avec les Européens sur l’épineuse question de l’immigration clandestine et de trouver les meilleurs moyens, ne serait ce que de limiter ce phénomène qui prend chaque jour plus d’ampleur, comme l’ont d’ailleurs signalé les intervenants. Les causes de l’immigration clandestine sont connues – et rappelées avec insistance par Bedjaoui et Konaré- l’approche de sa solution est différente selon la conception que se font les pays africains et leurs vis-à-vis européens. Sans ambages et démagogie, Mohammed Bedjaoui a énuméré les causes qui conduisent les jeunes africains à chercher d’autres horizons. Il ne cite pas seulement les raisons économiques et sociales, en somme connues de tous, mais il met également en avant les conflits armés et la mauvaise gouvernance. Seulement, si les causes ne sont pas ignorées, d’autres caractéristiques liées à l’immigration le sont et deviennent de plus en plus dangereuses et contraignantes. C’est ainsi que le ministre algérien des Affaires étrangères et le président de la commission de l’Union africaine ont mis en avant le nouveau phénomène que constitue l’apparition des femmes et des enfants dans les flux migratoires. Les deux responsables ont aussi mis en exergue, la fuite des cerveaux qui constitue, d’après eux le nœud du problème. C’est dans cette optique que Bedjaoui a fustigé les politiques dites de « migration sélective ou choisie » adoptées par certains pays européens, à l’image de la France. Et là, le ministre des Affaires étrangères ne se limite pas aux constats mais s’appuie sur des chiffres et des données réelles et amères. Ainsi, sur les 80 000 Africains qui immigrent chaque année, 23 000 sont des diplômés supérieurs et « chaque diplômé accueilli équivaut à une économie minimale de 184 000 dollars » pour le pays d’accueil. Puisque les solutions ne doivent pas venir d’Europe, les Africains veulent proposer les leurs. Alpha Aumar Konaré croit que la répression, à elle seule, ne suffit pas. La solution, réside d’après lui, dans l’aide au développement que les pays riches doivent fournir aux pays africains, pour inciter les jeunes à rester chez eux. L’ancien Président malien, qui trouve qui les émigrants ne sont « ni des délinquants ni des voleurs », s’est insurgé contre le fait qu’aucun engagement pris par les pays du G8 d’effacer la dette des pays pauvres n’ait été tenu. En attendant mieux, les pays africains comptent sur les quelques projets, initiés notamment par l’Algérie, telles la route transsaharienne et la ligne de fibre optique Alger-Abuja. Et c’est très maigre.

Ali Boukhlef

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