La récolte des raisins dans la wilaya de Bgayet, pour cette campagne estivale, s’annonce compromise, du moins maigrichonne. Relevant essentiellement du domaine privé de l’Etat, les vignobles sont durement affectés par une conjonction de facteurs qui a agi en synergie. Redouté par les agriculteurs en raison de son fort potentiel de nuisance, le mildiou a causé de gros ravages sur les jeunes pousses et les feuilles de vigne. Cette maladie cryptogamique, qui s’attaque aussi aux céréales et à la pomme de terre, s’est disséminée rapidement à la faveur des conditions météorologiques favorables. «Le champignon microscopique a trouvé, durant le printemps dernier, des conditions de température et d’humidité idéales à son épanouissement. Il a fortement perturbé le développement des cépages, induisant des pertes de production considérables», témoigne un agriculteur de la région d’El Kseur. «La croissance de la plante est stoppée net par l’agent de la maladie, lequel a détruit le feuillage et provoqué sa chute prématurée. Les conséquences en termes de manque à gagner dépasseront largement les 50%», renchérit un fellah de Semaoun, exploitant un vignoble dans le cadre de la concession. «Toutes les variétés, y compris celles réputées pour leur invulnérabilité comme la « red globe » et la « sultanine », sont touchées à des degrés divers», ajoute-t-il. Certains agriculteurs déplorent ne pas avoir été alertés à temps par un bulletin d’avertissement des services de la protection des végétaux afin d’organiser une riposte en temps opportun. «Nous sommes pris de court par la propagation rapide du mildiou. Nous avons découvert l’ampleur des dégâts à un moment où aucun épandage de fongicide ne pouvait enrayer le mal», soutient un fellah de Tazmalt. Comme, dit-on, un malheur n’arrive jamais seul, les pluies du mois de mais écoulé ont porté un autre coup de semonce à la culture de la vigne. «Ces pluies inhabituelles se sont avérées être une arme à double tranchant. D’un côté, elles ont contribué à renflouer la nappe phréatique et de l’autre, elles ont dépouillé les grappes de raisin d’une forte proportion de leurs baies», dira sur une pointe d’amertume un exploitant d’Akbou. «La mercuriale de ce fruit juteux est promise à une flambée sans précédent car toutes les récoltes, y compris dans les autres wilayas, ont été impactées», conjecture un producteur de raisin de la vallée de la Soummam.
N. Maouche