L’APW met fin à la crise et relance le projet

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Il est des projets qui traînent en longueur et malgré les instructions des autorités de wilaya pour réceptionner dans les délais des infrastructures importantes pour des régions mal loties, les chantiers bougent à peine, pour ne pas dire qu’ils sont carrément à l’arrêt.

En effet, à travers la wilaya de Bouira, l’un des exemples les plus flagrants est sans nul doute l’hôpital de M’Chedallah. Une assiette foncière de 5 ha, dont 20 000 m² bâtis, a été dégagée pour la réalisation du projet d’un nouvel hôpital au lieudit Bouaklane, à la périphérie de la ville de M’Chedallah. Un projet hérité en 2011 dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014 à l’époque du wali Bouguerra. Le coup d’envoi des travaux a été donné par son successeur, à savoir M. Maskri, en date du 14 juillet 2014 pour la réalisation de cet hôpital de 120 lits. Une importante infrastructure de santé publique qui devait être réalisée dans un délai de 28 mois pour un montant de plus de 3 milliards de dinars. Sa réception était, à l’origine, prévue pour le mois d’octobre 2016, selon les prévisions de l’entreprise en charge de sa construction. Sur la maquette, l’infrastructure est dotée de tous les moyens et commodités nécessaires pour son bon fonctionnement et même d’un héliport, une première à l’échelle de la wilaya. Elle sera composée de plusieurs blocs, dont celui de médecine, de chirurgie, d’un service des urgences. Cependant, quatre année après le coup d’envoi des travaux, force est de constater qu’en l’absence d’une volonté réelle et affichée des pouvoirs publics, la structure n’a pas bénéficié d’une attention particulière pour résoudre les problèmes et relancer les travaux. Des travaux qui, en 2018, en sont qu’à 15% à en croire la DSP par le biais de sa première responsable, Mme Ghalem, affirmant que le problème a été pris en charge depuis son installation.

La DSP se veut optimiste

«Le wali n’a pas cessé de suivre et de nous donner des conseils et des orientations pour relancer les travaux de cet hôpital. Il faut dire que lors de nos nombreuses réunions, ce projet a été au centre des préoccupations du wali qui a mis tous les moyens pour sa relance. Il faut savoir que la DSP ne peut pas avoir d’autre interlocuteur que le bureau d’étude et les travaux ne peuvent avancer sans un organe dument habilité pour effectuer le suivi. En 2016, une nouvelle loi avec un nouveau barème a été mise en place et dès mon installation, j’ai convoqué le bureau d’étude pour qu’il s’engage à nos côtés pour signer son engagement. Ce dernier a refusé, contrairement au bureau d’étude chargé du suivi du nouvel hôpital d’Ain Bessem qui, lui, a signé son contrat. De ce fait, malgré mes sollicitations pressantes, j’ai reçu un refus écris de sa part et c’est alors que la DSP a enclenché un cahier des charges avec un avis d’appel d’offre auquel ont participé quatre bureaux d’étude, dont un étatique ayant fait ses preuves. Malheureusement encore une fois, les critères d’éligibilité étaient trop stricts et aucun bureau d’étude n’a pu se distinguer. L’avis d’appel d’offre s’est avéré infructueux. Entre temps, des notables de M’Chedallah se sont mobilisés et se sont érigés en intermédiaire pour dénouer la situation et le premier bureau d’étude a finalement donné son accord de reprendre le projet. Aujourd’hui, le contrat est fin prêt et nous attendons ce bureau d’étude afin qu’il appose sa signature sur le contrat, sinon nous serons obligés de reprendre l’avis d’appel d’offre», explique Mme Ghalem, DSP de Bouira. Interrogé pour savoir si la DSP avait nommé un chargé de projet, la responsable précise que c’est à l’administration d’en désigner un, chose qui sera faite puisque la situation n’est plus dans une phase critique. «Je tiens à rassurer la population de cette région que tous sera mis en œuvre pour la réception prochaine de cette infrastructure sanitaire et que la DSP qui est le maître d’ouvrage du projet, fera pression sur l’entreprise pour que l’hôpital soit livré dans les meilleurs délais», souligne la DSP.

L’APW réanime le projet

La semaine dernière, une réunion s’est tenue en présence de M. Ahmed Boutata, P/APW de Bouira, son vice-président, le docteur Hamid Chachoua, ainsi que le promoteur ayant en charge la réalisation de cet hôpital. Les élus ont fait preuve de fermeté, mais également d’écoute en prêtant une oreille attentive aux réclamations du promoteur qui se débat depuis plusieurs années dans les méandres de l’administration, sans pour autant avoir réussi à dénouer la situation. Pour M. Amrane, promoteur ayant en charge les travaux de l’hôpital de M’Chedallah, les plans sont toujours au niveau du CTC et il n’aurait aucun moyen de les récupérer. «L’administration du CTC refuse de me remettre les plans pour que je puisse avancer dans les travaux. Il faut savoir qu’à l’époque du wali Bouguerra, le projet n’avait pas trouvé preneur et chaque avis d’appel d’offre s’est montré infructueux. C’est sur son insistance que j’ai accepté de prendre en charge la réalisation de cette structure en soumissionnant en 2012, avec les prix de 2012. J’ai commencé le 14 juin 2014 en réalisant la clôture car à l’époque il y avait un problème d’argent et le bureau d’étude n’avait pas encore amené ses plans. Après avoir retiré la terre végétale, il n’y avait toujours pas de plan d’implantation. Une année après, le plan d’implantation a été apporté soit en 2015. Durant cette même année, je peux vous montrer les écrits, j’ai saisi le wali à plusieurs reprises en lui rappelant que je n’avais toujours pas les autres plans. Le seul plan dont je dispose est celui du bloc A, mais je n’ai toujours pas les plans pour l’assainissement à ce jour. Pour le premier étage, j’ai trouvé une parade en réalisant le double coffrage. Il faut savoir que l’hôpital est constitué de 17 blocs. Un projet de 250 milliards qui n’a pas de chef de projet c’est grave, d’autant plus qu’à l’époque, la DSP connaissait des dysfonctionnements en l’absence d’un directeur. Pendant deux ans, il n’y avait aucun plan de disponible et jusqu’à présent, je n’ai que 50% de ces plans. Les walis se sont succédés et à chaque fois je leur répétais la même chose donnez moi les plans, de même pour le ministre de la Santé de l’époque qui avait visité le chantier», mettra en exergue M. Amrane. Pour le docteur Hamid Chachoua, vice-président de l’APW, il s’agit d’une urgence que de régler ce problème qui pénalise toute la daïra de M’Chedallah en la privant d’un hôpital digne de ce nom : «L’APW a établi un diagnostique sur le secteur de la santé et des projets inhérents à ce secteur et nous avons pris l’initiative d’enquêter sur les causes ayant engendré un tel retard pour la réalisation du projet de l’hôpital de M’Chedallah. Nous avons vu le promoteur chargé des travaux de cette structure lors d’une réunion qui a soulevé le problème du bureau d’étude qui n’aurait pas fourni de plans. En approfondissant notre enquête, il nous a été révélé par ce même bureau d’études qu’il existait des problèmes avec le CTC, des problèmes de tarifs suite aux nouveaux barèmes et du refus de ce bureau d’étude de se conformer aux nouvelles instructions. Il faut dire qu’à l’époque, la DSP n’avait pas trouvé de compromis avec le bureau d’étude, d’où l’avis d’appel d’offre lancé qui s’est avéré infructueux. De ce fait, l’APW a pris l’initiative de rencontrer le promoteur et nous avons réussi à le convaincre de même que l’ancien bureau d’étude pour qu’ils reprennent les travaux. Ils ont finalement fait preuve de bonne volonté en affichant leurs disponibilités pour achever rapidement ce chantier», indique le docteur Chachoua.

Les engagements du promoteur

Lors de cette réunion, le P/APW fera remarquer qu’avec l’actuelle assemblée de wilaya il ne sera plus question de ces retards et qu’ayant enregistré un taux de réalisation ne dépassant pas les 15,75%, il est inadmissible de continuer dans l’immobilisme. «Qu’on me donne des plans et qu’on désigne un chef de projet et je m’engage à livrer l’hôpital dans une année. Je renforcerais les équipes pour y arriver d’autant plus que depuis la nomination de la nouvelle DSP, les choses ont bougé dans le bon sens car les trois précédents DSP n’ont pas pris correctement les choses en main et ils m’avaient envoyé un simple chef de service pour faire le suivi», promettra le promoteur. Ce dernier fera remarquer que l’avis d’appel d’offre lancé en octobre dernier s’est révélé infructueux, car les conditions des cahiers des charges étaient trop exigeantes : «Il était mentionné sur le cahier des charges que le bureau d’étude qui soumissionne devait au moins avoir déjà réceptionné un projet similaire, à savoir un hôpital complet, et je peux vous dire qu’en Algérie, aucun bureau d’étude n’a encore réalisé cette prouesse car tous les hôpitaux sont encore en construction», rappellera M. Amrane. M Boutata et l’ensemble des membres de l’APW ont promis de suivre avec une attention particulière les travaux, en redoublant de vigilance pour que l’hôpital soit livré dans les plus brefs délais : «Je veillerais personnellement à ce que la cadence des travaux soit maintenue une fois le projet relancé, quitte à effectuer chaque semaine des visites sur site, mais je ne veux en aucun cas connaître des perturbations sur ce projet, ni sur les autres projets qui sont en cours de réalisation», indiquera M. Boutata.

Hafidh Bessaoudi

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