Encore un héros

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Après avoir été la star singulière et inattendue du sommet de Doha consacré à Ghaza, voilà le Premier ministre turc à nouveau sous les feux de la rampe. En quittant le forum de Davos parce qu’il n’a pas eu la parole à la suite de l’intervention de Shimon Pérès. Dans la capitale émiratie, M. Erdogan a surpris tout le monde en se démenant comme un beau diable.

Officiellement, il disait à tous ceux qui voulaient l’entendre qu’il se déployait ainsi pour “Reprocher toutes les initiatives de paix”, mais tout le monde sait qu’il a surtout agi pour en saboter une, la franco-égyptienne en l’occurrence. C’était le sens même de sa présence à Doha où il n’avait normalement rien à faire, mais les organisateurs, dont les objectifs étaient clairs, ont voulu mettre tous les atouts de leur côté: ils ont mis en avant le Premier ministre turc et le président iranien, deux hommes différents mais qui partagent le profil de l’emploi.

Pour revenir à Davos, on remarquera que cette rencontre, conçue comme un espace décontracté, au protocole allégé, où on peut même se dire certaines choses qu’on ne peut aborder dans des échanges officiels, vient de connaître son premier esclandre. On n’ira pas à l’incident diplomatique parce que la nature de la rencontre n’est pas censée en produire, mais la tension qui en a résulté est à son comble. Elles est due à l’échange particulièrement vif au moment de l’incident mais aussi à ses prolongements. Le dirigeant turc est accueilli triomphalement dans son pays.

C’est la même foule qui à Istanbul, à Damas, Aman ou Rabat ne se lasse jamais de se découvrir de nouveaux héros. Erdogan confirme qu’il ne veut pas particulièrement “rapprocher,” mais ça fait un moment déjà qu’il ne se fait plus d’illusion sur l’image de l’islamiste modéré qu’il voulait vendre à l’Europe.

L’épisode Ghaza où il s’est systématiquement aligné avec le Hamas et la Syrie a peut- être été son solde de tous comptes avec l’Europe et il l’a ponctué de la manière la plus spectaculaire en terre suisse. ça éloigne un peu plus son pays de l’Europe dont l’intégration est, à terme, l’objectif le plus important mais Erdogan a “sauvé l’honneur de la Turquie” comme les milliers de militants du parti de la Justice le lui ont dit à son retour de Davos où il a laissé les gens discuter tranquillement des choses sérieuses. A Istanbul, le Caire, Damas où à Alger, on a les héros qu’on mérite, et il ne serait pas, étonnant que le Premier ministre turc en fasse partie. Surtout s’il réunit les deux qualités dont on raffole dans les capitales arabes et qui n’ont pas encore été réunies dans un seul homme. L’islamisme et le goût du scandale. C’est désormais fait avec Erdogan.

S. L.

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