Que de fois n’a-t-on pas vu de jeunes chômeurs-promoteurs souscrire à la formule du micro-crédit pour fructifier leur savoir-faire avant de se résoudre à jeter l’éponge et abandonner la partie ? Que n’a-t-il pas fallu de courage et de ténacité à ces candidats à l’investissement pour bousculer tous les obstacles bureaucratiques qui se dressent sur leur long parcours et triompher de toutes les pesanteurs pour donner un contenu concret à leur rêve, celui de monter leur propre entreprise ?“Les banques ne jouent pas le jeu”, tel est l’argument massue ressassé par nombre de ces jeunes promoteurs pour expliquer que leur initiative a débouché sur un flop. “J’ai présenté un dossier en béton, avec en sus, une attestation d’éligibilité délivrée par la CNAC. Et qu’elle ne fut ma surprise d’apprendre que la banque qui devait financer mon projet m’a opposé un niet catégorique”, confesse une jeune diplômée fraîche émoulue. C’est la même (mes) aventure, avec à la clef, une cinglante fin de non recevoir de la banque qu’a eu à vivre le sémillant Djamel, dont le dossier pourtant “ne souffre d’aucune contestation”, soutient-il. “J’ai la nette impression que les banques ne tiennent pas en haute estime les postulants qui projettent d’investir dans le domaine agricole. Et dire que je me suis démené pour réunir les fonds nécessaires à ma quote-part”, ajoute-t-il, désabusé. Mais Djamel n’est pas, à l’évidence, du genre à s’en laisser contrer. Son entêtement n’a d’égal que sa farouche détermination à se battre jusqu’au trognon pour s’extraire de la quadrature du cercle et décrocher le précieux sésame, synonyme d’augure prometteur.D’aucuns parmi ces chômeurs-promoteurs, dont les démarches auprès des banques ont fait choux blanc, vitupèrent contre la persistance de “réflexes anachroniques”, chez certains banquiers qui, sous couvert d’arguties aussi faciles que factices, trouvent toujours la parade pour éconduire le demandeur de crédit. “Allégations farfelues”, rétorque le responsable local d’une banque commerciale, l’un des rares banquiers à avoir eu l’obligeance de déroger à la loi de l’omerta qui semble de rigueur dans ce secteur. Se voulant circonspect, il enchaînera : “Notre métier est, entre autres, de prêter de l’argent. Mais tout prêt est subordonné à une conditionnalité, pour garantir son recouvrement”.Pour ce banquier, la récente libération des prises de participation des banques primaires dans le fonds de caution mutuelle de garantie (FCMG) des risques-crédits des chômeurs-promoteurs (35 à 50 ans), opérationnel depuis 18 mois, est le meilleur gage de l’engagement des banques dasns le financement des investissements. Il reste à espérer que ce verrou qui saute n’est qu’un premier pas, en attendant de lever d’autres hypothèques. Sans quoi on verra toujours autant de projets d’investissements partir en eau de boudin.
Nacer Maouche
