Matoub revient cette semaine

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Des anecdotes qui illustrent la grandeur d’âme et la générosité de l’artiste. Comme celle où il refusa de manger dans des assiettes séparées avec un certain Mario, un simple d’esprit que Matoub emmenait souvent chez lui pour partager son dîner. Ou encore la fois où Lounès lui déchira son kamis, mis en période de chaleur. “Ce n’est pas la tenue de tes grands-parents”. La relation de Naïm, un jeune de Taourirt Moussa avec Matoub était celle du frère cadet à son aîné. “Matoub n’arrêtait pas de donner des conseils”, précise Naïm. A peine sommes-nous arrivés, devant le lycée Imache-Amar d’Ath Douala que nous entendons la voix de Lounès Matoub provenir de la Maison de jeunes où est organisée la première journée de la caravane qui porte le nom du plus grand artiste kabyle dans le cadre du cinquantenaire de sa naissance.Deux posters de plus de 20 mètres carrés chacun sont suspendus sur les bâtisses qui jouxtent la mairie. Avant son assassinat Matoub s’attablait souvent dans le café d’en face. A l’intérieur de la salle où sont exposés des photos et des articles, il est difficile de se frayer le chemin. La majorité des présents sont des jeunes filles et de jeunes hommes “la génération Matoub Lounès point final”. comme dirait un ancien détenu de la cause identitaire en 1981. A l’entrée de la salle, Mustapha Matoub un ami d’enfance du Rebelle accueille les visiteurs. Sur la table, on peut voir des renseignements sur la manifestation grâce à un dépliant distribué.La mère du chanteur est assise sur un banc dans la cour. Elle est entourée de Bachtarzi Mohand Ameziane, secrétaire général de la Fondation et d’autres jeunes. Nna Aldjia Matoub nous déclare : “Je suis contente que nous soyons toujours rassemblés. Il ne faut pas oublier. Il ne faut jamais abandonner un chemin tracé par Lounès, c’est un chemin qui va nous faire aboutir vers la lumière. J’appelle à l’union. Avec l’union, nous avons tout, sans l’union nous n’avons rien. Aujourd’hui, j’ai 75 ans et j’ai toujours combattu. j’ai assisté à trois guerres. Il faut continuer dans la même voie, celle qui va faire aboutir le combat pour tamazight. Et comme disait Lounès : Ma ulac tamazight, ulac. Je ne pardonnerai jamais à ceux qui ont tué mon fils”.En voyant Na Aldjia simultanément en écoutant Matoub chanter, on a du mal à deviner sa déchirure et son affliction d’être privée d’un tel trésor national.Des artistes de la région, sont aussi présents à l’image de Karim Becha. Il y a aussi Saïd Khazem. Ce dernier remet une copie de son nouveau CD où il interprète une chanson composée et écrite par Matoub. En l’écoutant dans la voiture de Naïm, nous avons la chair de poule. Même sans la voix de Lounès.Saïd Khazem a su être à la hauteur des capacités vocales du maître. Dans cette chanson, inédite, Matoub rend hommage à tous les villages du arch N’Ath Douala, qui est sa région natale. Bechtarzi Mohand Ameziane, SG de la fondation affirme que le but de cette caravane est de faire connaître les qualités humaines et artistiques de Matoub : “Les chansons de Matoub véhiculent un message de paix pour notre culture. Cette dernière a besoin de tous ses enfants”. M. Nouredine Medrouk porte-parole de la fondation, précise qu’il s’agit d’une caravane internationale puisque des activités seront aussi bien organisées en France que dans le reste de l’Europe, au Canada et aux Etats-Unis. L’un des autres objectifs de cette caravane est de vulgariser l’œuvre de Matoub dans les régions arabophones. L’inauguration de cette première étape de la caravane a eu lieu hier à 10h à la Maison des jeunes d’Ath Aïssi et d’Ath Douala ainsi que d’un nombre impressionnant de fans et d’admirateurs de la voix de tous les opprimés. Sur le nouveau prospectus distribué hier, on retrouve un extrait de poème de Matoub :“Communion avec la patrie”, le Rebelle disait : “Notre appel est celui de la solidarité, nous atteindrons notre but, nous ne tournerons pas sans fin, dans nos égarements. Que nous ayons faim, que nous allions pieds nus, nous ne piétinerons pas la fraternité”.Matoub sera aussi présent aujourd’hui à Ath Douala plus que durant les autres jours. Au programme, une exposition sur la vie et l’œuvre de Matoub, projection sur grand écran d’un gala inédit de Lounès Matoub, et une conférence, témoignage sur sa vie et son œuvre.

Aomar Mohellebi

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