Depuis quelques années, Béjaïa n’est plus prisée par les touristes. D’aucuns estiment que la principale raison de ce «boycott» est la fermeture intempestive des routes par les citoyens en colère.
D’ailleurs, des citoyens de Boukhlifa ont bloqué, la semaine dernière, la RN9 à deux reprises, pour protester contre la dégradation de leur cadre de vie. Et ce sont les visiteurs étrangers à la wilaya, qui en pâtissent ! Ces derniers parcourent parfois des centaines de kilomètres sous le soleil du mois d’août caniculaire pour passer quelques jours à Tichy ou à Boulimat. Mais quand ils arrivent à El-Kseur ou à Aokas, ils apprennent, la mort dans l’âme, que la route menant vers leur destination est fermée.
La saleté dans toutes les villes de la région y est aussi pour quelque chose. En effet, il n’y a pas une rue ni ruelle qui soit épargnée par les sacs poubelles remplis à ras-bord et dégageant des odeurs nauséabondes. Des amoncellements de déchets et des bacs qui débordent d’ordures écœurantes sont devenus le décor naturel des villes béjaouies.
Sur les grands boulevards, au centre-ville par exemple, le service de nettoiement fait quelques efforts pour rendre les lieux fréquentables, mais il y a tellement de saletés et le travail est tellement négligé qu’on ne sait plus quelle est la partie balayée et celle qui ne l’est pas. Côté animation culturelle, durant l’été, à Béjaïa, il n’y a rien à signaler, hormis une foire commerciale à l’ex-Souk El-Fellah et des expositions de porterie çà et là. En ce qui concerne l’accueil sur les plages, il est des plus consternants.
Armés de gourdins, des propriétaires de parkings, en short et claquettes, vous indiquent, avant que vous n’ayez éteint le moteur de votre voiture, que le prix du parking est de 200 DA. Sur la plage, vous risquez de vivre d’autres aventures avec les jeunes squatteurs des lieux. Les ordures qui jonchent les plages sont, eux aussi, un point noir qui fait fuir les baigneurs.
Pire encore, quelques prestataires de services dans les villes côtières de Béjaïa «pressent» leurs clients comme des citrons, sans pour autant leur offrir le minimum. Il convient de noter que sur les RN 09 et 24, des conducteurs foulent au pied le code de la route sans être rappelés à l’ordre. Aussi, sur ces routes menant aux stations balnéaires de l’est ou de l’ouest de la wilaya de Béjaïa, des bouchons se forment, notamment en fin d’après-midi.
D’autre part, Béjaïa manque aussi d’infrastructures d’accueil. Les quelques hôtels construits sur les côtes sont hors de portée des petites bourses. En plus de cela, les infrastructures existantes se résument à une soixantaine de campings et 80 hôtels pour une capacité de 20 000 lits environ. D’ailleurs, nombreux sont les opérateurs intervenant dans l’hébergement des touristes à regretter que la clientèle ait diminué des trois quarts, comparativement aux autres années. «Nous n’avons reçu que quelques familles depuis quelques jours et encore, ce sont des réservations d’une quinzaine de jours pour la plupart», dira le gérant d’un camping. Des contraintes qui démotivent plus d’un à passer les vacances à Béjaïa.
F. A. B.