l Jadis, dès la récolte des olives terminée et la provision d’huile mise dans les énormes jarres en terre cuite (ichvoula), les paysans de ce village comme ceux des alentours, venaient donner à la terre ce qui lui est dû : les labours commençaient. Il fut un temps où ce village comptait pas moins de 80 paires de bœufs. Les labours avaient un triple objectif. En créant le plus d’obstacles possibles à l’eau de pluie, celle-ci, au lieu de ruisseler inutilement, s’infiltrait pour s’emmagasiner dans les couches profondes du sol. L’évaporation est aussi limitée, car les canaux d’amenée qui véhiculent l’eau vers la surface sont interrompus par le soulèvement de la couche arable. Enfin, et ce n’est pas le moindre des effets positifs, les herbes et pailles enfouies seront transformées en humus nourricier.Les paysans soucieux de perpétuer la tradition sont de nos jours obligés de faire appel à des laboureurs venus d’ailleurs et qui font payer cher leurs services. La journée de labour coûte pas moins de 2 500 DA, auxquels il faudra ajouter le salaire d’un ouvrier qui devra briser les mottes qui, sans cette opération, durciraient au contact de l’air. En plus de la nourriture des hommes, les bêtes devront, elles aussi, être assurées du gîte et de l’alimentation. La cherté de cette opération a pour conséquence que l’on voit de moins en moins les larges bandes rouge sombre qui sentent bon la respiration de la terre et l’on n’entend presque plus les cris des hommes haranguant leurs bêtes au travail. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que la production d’olives baisse d’année en année. Une paire de bœufs coûte quelque trente millions de centimes et nombre de gens regrettent que son acquisition ne soit pas prévue dans le cadre des aides de l’Etat en direction du secteur agricole.
M. Amarouche
