Par Mustapha Bouadi
Jamais de mémoire, la charmante ville d’Azazga considérée, à juste titre, deuxième importante agglomération de la wilaya, après Tizi Ouzou, n’a atteint un degré de régression aussi catastrophique dans tous les secteurs. L’infrastructure routière urbaine est désastreuse. Les réseaux d’assainissement sont délaissés, l’éclairage public est défaillant, les trottoirs sont endommagés, les arbres de bordures décapités, certains édifices publics sont en état de ruine ou de délabrement avancés, partout de l’insalubrité et des décharges sauvages d’ordures.Le merveilleux jardin public, jadis verdoyant et florifère, poumon de la ville, est transformé en dépotoir servant de toilette publique champêtre, infesté d’excréments humains et de miasmes nauséabondes. La fetidité permanente repousse les citoyens d’accéder au square, devenu malfamé, qui constitue également un refuge aux malfaiteurs et aux chiens errants, danger réel pour les citoyens paisibles. D’autres édifices publics, étonnamment abandonnés, notamment les bâtiments du centre culturel, de la gare routière, l’immeuble de l’administration saccagé, etc… sont désormais des tripots, fiefs d’insécurité et de clochardisation.Même les splendides forêts environnantes ne sont pas épargnées. Incendies, saccagées par la bêtise humaine, elles ne sont que des landes englouties par des ordures de décharges sauvages. La nature et l’environnement sont agressés impunément au vu et au su de tout le monde. La flore et la faune commencent à disparaître. Les fameuses fontaines fraîches, réputées pour leur magnificience ne sont pas entretenues et se trouvent dans une situation lamentable. Ce point d’eau, lieu de villégiature extraordinaire, est envahi par un désordre désolant et d’insécurité. Les familles habituées à savourer les délices dans ce magnifique endroit, sont incommodées par l’actuelle atmosphère dégradante et préfèrent déserter les lieux.L’agglomération polluée est également asphyxiée par le trafic routier anarchique et stressant, la circulation n’a pas été convenablement organisée et réglementée pour permettre sa meilleure fluidité. L’absence de nouvelles aires de stationnement proportionnels à l’ampleur du flux de la circulation provoque un fâcheux encombrement, obstrue les routes et les trottoirs, étouffe la ville et paralyse toutes activités économiques et commerciales. Aucune déviation judicieuse n’a été réalisée pour désengorger et libérer la ville. La situation routière demeure préoccupante, d’autant plus que la localité est traversée par des routes nationales stratégiques en direction de toutes les régions du pays. Les populations des daïras avoisinantes qui consultent l’hôpital d’Azazga pour leurs urgences médicales augmentent l’intensité de la circulation.Bien que l’efficacité des services de sécurité aidés par l’action préventive et moralisatrice des comités de villages ait réduit considérablement les agissements des malfrats. On se surpasse pour réguler convenablement le trafic routier, il a été par ailleurs constaté qu’aucune initiative n’a été prise pour solutionner radicalement les différents problèmes qui empoisonnent le quotidien de la population.La médiocrité régnante a stoppé l’essor de développement engagé à la fin du deuxième millénaire. Depuis, on se mobilise uniquement autour de la distribution souvent scandaleuse de quelques infimes avantages sociaux consentis par l’Etat. Les efforts souvent entachés de querelles et de rivalités de clocher, sont essentiellement consacrés à tout ce qui concerne l’octroi. L’intérêt général est laissé aux oubliettes. Le progrès est illusoire.La relance économique, les perspectives de développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyens n’intéressent guère la politique d’investissement initiée durant l’année 2001 dans la zone d’activité acquise par l’APC de l’époque pour attirer les investisseurs, l’initiative de créer des richesses et de l’emploi a été curieusement interrompue. L’achèvement du majestueux centre culturel au profit de la jeunesse, dont l’avancement des travaux avoisine 70%, a été carrément abandonné. La même indifférence est affichée pour le réaménagement et l’entretien des stades et aires de jeux pour épanouir le sport. Les édifices publics sont laissés en état de ruines et de dégradations avancés. Les citoyens sont contraints de faire la chaîne pour l’obtention de pièces administratives.Azazga est dotée d’une infrastructure administrative archaïque d’avant-l’indépendance. Elle ne répond plus efficacement aux besoins de la population. Le secteur tertiaire n’a pas connu d’évolution et la modernisation est exclue. Pire, les assiettes ayant fait l’objet de choix de terrains par l’APC de l’époque, pour la réalisation de nouveaux équipements administratifs (mairie, tribunal, institut, CFPA, Hôtel des finances, BMPJ, poste, salle omnisports, piscines) ont été rapidement dilapidées au profit des promoteurs privés pour occire définitivement le progrès et la promotion de la ville. Même l’entrée de l’agglomération a été étranglée par des constructions sur les trottoirs, en violation des PDAU et des règles d’urbanisme.Tous ces signes précurseurs présagent que la ville historique d’Azazga, carrefour stratégique important au cœur de la région augurant devenir wilaya, est plutôt programmée ville dortoir sans âme. L’histoire se répète-t-elle ?L’administration coloniale de Tizi Ouzou, pour empêcher le développement d’Azazga, a arrêté le prolongement de la voie ferroviaire Tizi Ouzou-Azazga alors que l’avancement des travaux de cette voie ferrée dépassait les 70% à l’époque. L’espoir est toujours permis pour réhabiliter la ville d’Azazga. Les bonnes volontés, les compétences, les moudjahidine et l’ardeur des citoyens pourraient redonner à Azazga sa véritable place en suscitant l’intérêt de son rayonnement à travers la région et le pays.
B. M.