Extraits

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« Tels son nés de l’égoïsme les deux moyens d’éducation des parents : tyrannie et esclavage à tous les degrés, ce qui n’empêche pas que la tyrannie puisse s’exprimer tendrement (‘’Tu dois me croire parce que je suis ta mère’’), et l’esclavage très fièrement (‘’Tu es mon fils, je ferai don de toi mon sauveur’’) ; mais ce sont deux terribles moyens d’éducation, deux moyens contre l’éducation, bien propres à piétiner l’enfant et à le faire rentrer dans le sol d’où il est sorti ».in Lettre à sa sœur Elli

« Un dimanche après-midi, comme nous étions invités chez nos grands parents, j’écrivais quelque chose…Il est bien possible que je l’aie fait par vanité et que j’aie voulu quelqu’un à me prendre des mains ce que j’avais écrit à le lire et à m’admirer… L’un de mes oncles, volontiers moqueur, finit par prendre la feuille… y jeta un bref regard et me la rendit sans même rire, en disant simplement aux autres qui le suivaient des yeux : ‘’le fatras habituel’’ ; à moi il ne dit rien…J’étais chassé de la société d’un seul coup, le jugement de l’oncle se répéta en moi avec une signification déjà presque réelle et j’acquis, au sein même du sentiment familial, un aperçu des froids espaces de notre monde qu’il me faudrait réchauffer à l’aide d’un feu que je voulais chercher d’abord ». in Le Journal (19 janvier 1901)

« Je ne cède en rien de mes exigences quant à une vie extravagante calculée uniquement en vue de mon travail. Elle, sourde à toutes les de prières muettes, exige une vie moyenne, un appartement confortable, de l’intérêt de ma part pour l’usine, une nourriture abondante, le sommeil à partir de onze heures du soir, une chambre chauffée…et elle a raison, elle aurait toujours raison. Le désir d’une solitude allant jusqu’à la perte de conscience. Seul face à moi-même.Le talent que j’ai pour décrire ma vie intérieure, vie qui s’apparente au rêve, a fait tomber tout le reste dans l’accessoire et tout le reste s’est affreusement rabougri. Rien d’autre ne pourra jamais me satisfaire.Il me faut beaucoup de solitude. Ce que j’ai accompli n’est qu’un succès la solitude…Je hais tout ce qui ne concerne pas la littérature. Les conversations m’ennuient…faire des visites m’ennuie, les joies et les peines des gens de ma famille m’ennuient jusqu’au fond de l’âme…Peur de me lier, de me jeter de l’autre côté.Le coït considéré comme châtiment du bonheur de vivre ensemble. Vivre dans le plus grand ascétisme, plus ascétiquement qu’un célibataire, c’est pour moi l’unique possibilité de supporter le mariage. Mais elle ? »

Le Journal

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