Octobre in memoriam

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S. Ait Hamouda

Octobre, l’automne décoloré. Octobre, la mort et la vie qui se rejoignent, s’entrechoquent et se réconcilient. Octobre, le parti unique et la naissance du multipartisme. Octobre, l’islamisme le plus rétrograde et la démocratie débridée. C’était tout ça Octobre. Malgré le passé, qui n’était pas si sombre, pas moutonné de neige, il a apporté avec lui un soleil, la démocratie, la libre expression, la libre pensée… Octobre a montré l’Algérie dans toutes ses coutures, dans toutes ses couleurs, dans toutes ses locutions, les plus ouvertes comme les plus fermées, les plus obscurantistes et les plus éclairées. Octobre, c’était une porte qui s’ouvrait et une autre qui se refermait sur moult espoirs. Octobre, c’est la montagne qui accouchait d’une souris, mais une souris qui portait en son sein un tsunami de jours heureux et aussi de tragédies lucifériennes. Octobre, c’est là que surgit la nébuleuse islamiste qui sema la terreur les années d’après. Le président de la République d’alors se prononça sur ces événements, il dit tout et rien. Djaout, lui, s’est prononcé : «Monsieur le Dévot je suis de l’Autre Race /celle des hommes qui portent/ jusqu’au tréfonds de leur neurones des millénaires de/soleil/ C’est à ce moment que le Dévot furieux me/déposséda/de ma peau et me jeta nu dans/les cataclysmes nocturnes». Malheureusement, il sera exécuté plus tard. Il s’en suivra après des morts par tombereaux. Des intellectuels, des journalistes, des artistes, des militaires, des policiers et de simples citoyens. C’était une boucherie sans nom, que les obscurantistes provoquèrent, sans sourciller, sans s’apitoyer outre mesure du malheur dont ils viennent d’accabler leurs compatriotes, femmes et hommes, en les accusant d’avoir trop appris, d’avoir une vue qui ne leur convenait pas. Octobre, c’était le point de départ pour l’exultation et le deuil. C’était l’alpha d’une démocratie naissante et l’oméga de ce qui la contredisait, de ce qui l’interdisait. C’était la dévotion partout, la dévotion n’importe o&ugrave,; la dévotion pour un oui et pour un non. Une dévotion où tout est haram, la joie, la fête, les spectacles, les conférences non religieuses… Mais aujourd’hui, Octobre, que représente-t-il ? Beaucoup de choses et rien.

S. A. H.

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