Les défis du 21e siècle

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Par Amar Naït Messaoud

D’une superficie de 4 454 km2, Bouira est considérée comme l’une des plus vastes wilayas du nord, chevauchant sur le Tell et les Hauts-Plateaux du centre. Sur sa plus grande longueur, elle s’étale sur 101 km, allant de Lakhdaria à Chorfa, tandis que sur sa plus grande largeur, elle avoisine les 80 km (du Djurdjura jusqu’au sud de Dirah). Du point de vue de sa position géographique, à une centaine de km de la capitale et carrefour de desserte sur les wilayas de l’Est et du Sud-Est, la wilaya de Bouira dispose de beaucoup d’atouts stratégiques qui la placent au centre d’une dynamique régionale dont la colonne vertébrale se trouve être son réseau routier qui la met en contact avec toutes les contrées limitrophes. Un vieil adage des économistes disait que le développement vient par la route. La vérité de cette sentence se vérifie un peu plus chaque jour, au fur et à mesure de la croissance des échanges, de nouvelles nécessités de transport de marchandises (matières premières, produits finis…) et des voyageurs. L’enjeu est d’autant plus considérable que le nerf du transport des pays développés, à savoir le rail, est en état de stagnation chez nous depuis l’indépendance du pays. Sur certains tronçons, il a même subi une régression. Ce n’est qu’avec le nouveau plan de soutien à la croissance conçu par le président de la République pour les cinq prochaines années que le chemin de fer commence à être appréhendé avec une autre vision. Sur ce plan, la wilaya de Bouira sera directement touchée par la ligne à grande vitesse (LGV), programmée entre Bordj Bou Arréridj et Khemis Méliana (sur 240 km). Restera alors à réactiver l’ancien projet de réhabilitation de la ligne Bouira-Sour El Ghozlane qui avait alimenté la chronique des années durant, mais dont on n’aperçoit pas encore le moindre signe.Le réseau routier total de la wilaya de Bouira est évalué, d’après les dernières statistiques officielles, à 2 225 km, dont 36% sont des chemins de wilaya, 48% des chemins communaux et 16% des routes nationales. Les trois catégories, en plus des chemins vicinaux et pistes rurales et agricoles, représentent l’ossature du développement, la condition sine qua non du désenclavement des territoires. Les principales routes nationales qui traversent la wilaya de Bouira sont : la RN5 (Alger-Constantine), de loin la plus importante du point de vue du nombre de wilayas desservies et de la densité du trafic, la RN18 (Bouira-Khemis Miliana via Berrouaghia), la RN8 (Alger-Bousaâda via Tablat), les trois routes de montagnes (RN30, 33 et 15) qui relient Bouira à Tizi Ouzou par les cols de Tizi N’Kouilal et Tizi N’tirourda. Entre Chorfa et Toghza, un petit tronçon de la RN 26 fait la jonction avec la wilaya de Béjaïa, dans la vallée de la Soummam.Chaque axe routier de cette catégorie souffre de problèmes spécifiques. La route de Constantine est connue pour son trafic et les goulots d’étranglement légendaires au niveau de certaines localités, comme El Esnam et la gare d’Aomar, ce qui entraîne des accidents souvent mortels. Les routes de montagnes sont connues pour l’étroitesse de leur chaussées, les virages en fer à cheval et la dégradation de leur revêtement. L’exemple le plus éloquent en la matière demeure la RN15. Certains de ses tronçons, situés entre le Col de Tirourda et le village de Takerboust ont subi de tels dommages, sous forme d’excavations et de glissements de terrain, qu’il dissuaderaient le plus téméraire des automobilistes. La construction de la chaussée ne répond plus au tonnage charrié par le trafic des poids lourds chargés souvent de matériaux de construction et l’excès d’eau issu de la fonte des neiges exige des travaux de drainage bien avant la réfection des passages busés et des fossés.Pour ce qui est de la RN8, il faut rappeler ici qu’elle était fermée à la circulation au niveau de la wilaya de Médéa (territoire de Tablat) dès le milieu des années 90, et ce en raison de l’insécurité qui y prévalait. Ce n’est que ces dernières années que le trafic y a repris. Des travaux d’aménagements y ont été menés pour élargir la voie, refaire le revêtement et reprofiler certains virages. Actuellement, elle est la route nationale la plus fluide de la wilaya de Bouira. Quant à la RN18, la pression de son trafic est ressentie entre Bouira et Aïn Bessem, tronçon qui subit actuellement des travaux d’aménagement. La circulation sur son prolongement qui va en direction de Béni Slimane et Berrouaghia, reste pour l’instant assez modeste.Deux autres petits tronçons de routes nationales se trouvent dans des zones de montagnes ou de collines et qui, par conséquent, posent des problèmes spécifiques liés à la nature de ces terrains : il s’agit de la RN29 (Lakhdaria-Blida via Keddara) et la RN25 (Aomar-Dellys via Draâ El Mizan). Cette dernière s’allonge sur environ 10 km dans le territoire de la wilaya de Bouira. Virages difficiles, chaussée étroite et défoncée par endroits, trafic intense en direction de Tizi Ouzou, tels sont les aléas de cet axe routier stratégique pour l’économie des deux wilayas qu’il dessert.Les voies les plus dégradées demeurent incontestablement celles qui sont classées dans les catégories “chemin de wilaya” et “chemin communal”. Il est impossible de citer dans les limites d’un article de presse les désagréments et les dangers qui guettent les voyageurs, les transporteurs et automobilistes sur ces chemins longtemps laissés-pour-compte. Nous pouvons citer, à titre d’exemple, le CW93 qui passe entre Maâla et Zbarbar pour aboutir à Guerrouma. Prenant naissance à Lakhdaria, il longe Oued Bouamoud et rejoint, au sud, la RN8 dans la banlieue de Tablat. C’est, sur plus de 30 km, le type de route de montagne par excellence. Pendant les années chaudes du terrorisme, cet axe routier était pris en otage par les groupes armés qui y enfouissaient des bombes ou des engins explosifs artisanaux (comme les bonbonnes de gaz). Couvert par des espaces forestiers assez denses, il est caractérisé par une chaussée trop étroite, des virages aigus et des excavations rendant la circulation très difficile.

Par les chemins du développement

Ce n’est que récemment que certains travaux ont été entrepris sur certains axes routiers comme le CW20 (Sour El Ghozlane-Bordj Okhriss) qui fait partie de l’ancienne voie romaine allant de Berrouaghia à El M’hir et le CW24 (Bechloul-Sidi Aïssa en cours d’aménagement entre El Hachimia et Sour El Ghozlane) est actuellement en cours d’aménagement entre El Hachimia et Sour El Ghozlane. Mais le trafic infernal que connaît cet axe routier depuis au moins deux ans (transport vers le Sud-Est du pays, transport des produits de carrières et des matières premières que celles-ci utilisent, circulation de bétaillères et de “cocottes” de ciment…) exige une nouvelle plate-forme à construire selon les normes adaptées à la densité et au tonnage du trafic.Le grand espoir des habitants et des opérateurs économiques de la wilaya de Bouira demeure ce projet mythique, mais qui prend de plus en plus les aspects d’une réalité tangible : le projet d’autoroute qui fait partie du grand projet national “Autoroute Est-Ouest” (sur 1 200 km). Le territoire de la wilaya de Bouira est concerné sur 101 km. Une partie est déjà livrée à la circulation. Il s’agit des tronçons allant de Lakhdaria à l’entrée d’Aomar et de Zeboudja à Bouira. Les autres partis limitrophes de ces deux tronçons sont tributaires de grands ouvrages d’art (viaducs et tunnels) qui seront livrés probablement avant la fin de l’année en cours. Sur la partie est, le tronçon entre Bouira et El Adjiba, long de 26 km, voit l’avancement des travaux de route atteindre les 50% et celui des travaux des ouvrages d’art atteindre les 60%. L’exécution des travaux sur terrain a enregistré des retards dus essentiellement aux intempéries de l’hiver rigoureux 2004/2005 et aux procédures d’indemnisations des propriétaires des terrains sur lesquels passe l’itinéraire de l’autoroute.Malgré les retards enregistrés par la wilaya en infrastructures routières au cours des quinze dernières années, d’immenses efforts sont actuellement déployés pour les rattraper et mettre la wilaya au diapason de ses ambitions de développement économique et social global.

A. N. M.

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