Le RND dénonce les cérémonies «m’as-tu vu ?»

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Faire venir des enfants nécessiteux et des handicapés dans des cérémonies officielles pour leur octroyer une aide est devenu une pratique courante à laquelle s’adonnent autorités, assemblées élues et même les associations.

Cette pratique controversée a été sujette à bon nombre de critiques, notamment sur les réseaux sociaux. Des voix de tous bords, et même de responsables, s’accordent à la juger «d’immorale». Dans ce sens, le député RND de la wilaya de Tizi-Ouzou, Mokadem Tayeb, après une première vidéo diffusée sur les réseaux sociaux où il a dénoncé cette pratique, est revenu à la charge via une correspondance à l’adresse du Premier ministre. Le député a d’emblée fait ce constat : «Il m’a été donné de constater qu’au cours de ces dernières années, les aides octroyées, en espèce ou en nature, particulièrement le trousseau scolaire, aux enfants issus de familles nécessiteuses, se font publiquement et non dans la discrétion telle que l’exigent la morale et nos valeurs ancestrales». «Les aides en question se font désormais sous les flashs de photographes professionnels et des médias, et l’annonce des bénéficiaires, par un animateur mobilisé pour la circonstance, dont la voix est amplifiée par un mégaphone afin que toute l’assistance entende. Il en est de même concernant l’octroi, à titre d’aide, de matériel orthopédique à l’endroit des handicapés (béquilles, cannes pour aveugles, fauteuils roulants…). Parfois ce sont les autorités qui participent à banaliser ces pratiques en rendant publiques ces cérémonies d’où le monde cosmopolite qui y assiste», a regretté M. Mokadem. Ce dernier dénonce, en outre, la distinction faite entre les élèves issus de familles nécessiteuses et les autres, lors de l’octroi de la prime des 3 000 DA. «Il m’a été également permis de constater qu’au niveau d’un certain nombre d’écoles, les chefs d’établissement réunissent les élèves et ordonnent que les élèves issus de familles nécessiteuses, c’est-à-dire, les concernés par l’aide des 3 000 DA, se détachent de leurs camarades pour permettre leur identification. Une telle procédure ne peut être perçue par l’élève concerné que comme une humiliation pouvant se solder par des répercussions psychologiques dommageables». Le député a souligné que cette façon d’agir est «non seulement à contre-sens de nos valeurs sociologiques et morales, mais aussi de la logique scientifique et psychologique plus précisément. En effet, un enfant désigné publiquement comme quelqu’un vivant dans un dénuement matériel peut être sujet à une frustration qui risque, à long terme, de le perturber psychologiquement. En d’autres termes, l’enfant d’aujourd’hui qui est forcément l’homme de demain, risque de trainer cette frustration et ce déséquilibre psychologique toute sa vie, et en vouloir aux responsables de cette forme distinction durant sa scolarisation». Face à cette nouvelle «mode», comme aiment l’appeler certains activistes sur les réseaux sociaux, le responsable du RND Tizi-Ouzou suggère «d’assurer l’octroi de ces aides, notamment pour les trousseaux scolaires, qui d’autant plus sont accordés par l’État, dans la discrétion totale. «En effet, concernant l’enfant scolarisé, il me parait plus indiqué que l’aide qui lui est destinée lui soit remise par son propre chef d’établissement. Celui-ci peut effectivement, dans le cadre de cette mission, réunir les élèves concernés par l’aide dans un endroit de l’école, un espace à l’abri des regards, et remettre à chacun le trousseau dont il est bénéficiaire, idem pour les handicapés moteurs et le chèque qui doit remplacer le couffin de Ramadhan à remettre à domicile». Notons que la dernière action de la wilaya et le FCE de Tizi-Ouzou, qui ont organisé une cérémonie officielle pour l’attribution de plus de 62 000 trousseaux scolaires, en faisant venir les élèves issus de familles nécessiteuses, a suscité la colère et la critique. Bien que l’initiativeen elle-même soit louable, la manière a été jugée «inappropriée».

Kamela Haddoum.

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