Les diplômés en fiscalité jetés à vau-l’eau

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Pas moins de vingt stagiaires de la section fiscalité, du centre de formation et de l’enseignement professionnel d’Azazga, demeurent en attente de leurs diplômes depuis la fin de leur stage en février 2004. Une situation accentuée par la nomenclature des stages et formations, promulguée par le ministère de tutelle, où la spécialité fiscalité n’est plus dispensée depuis février 2002, date de la mise en application de ladite nomenclature arrêtée et éditée en 2001. Ainsi, ces stagiaires ayant suivi cette formation se considèrent «menés en barque» par le directeur du CFPA d’Azazga et par la Direction de la formation qui ne les ont pas avisés à temps de la décision de suspendre leur spécialité des nomenclatures des secteurs publics, susceptibles de les embaucher au terme de leurs études. Pis, selon les informations recueillies de part et d’autres ce problème a été déjà posé dans les centres de formation professionnelle de Tigzirt et de Larbâ Nath Irathen avant que la directrice de la DFEP de Tizi Ouzou ne nous informe que ce même cas est également signalé au CFPA de Drâa Ben Khedda.Le courroux que manifestent ces stagiaires est exacerbé après avoir eu connaissance que la promulgation de la nouvelle nomenclature est intervenue à un mois du début de leur formation, étendue sur un cursus de 30 mois. «La Direction aurait mieux fait de transférer, à temps, notre section vers une spécialité. Ce n’est pas après avoir fini notre cursus de trois ans qu’on vient nous proposer une autre année d’étude pour avoir droit à l’équivalence de notre diplôme en comptabilité», a renchéri un stagiaire délégué par ses copains pour parler de leur problème. Le hic, selon ce même stagiaire réside dans l’attitude du ministère de la formation et de l’enseignement professionnel qui était interpellé en 2002 par ses compères sortis du CFPA de Larbâa Nath Irathen. Ainsi, il nous explique : «Après avoir constaté que le diplôme de technicien en fiscalité ne vaut pas grand chose dans le marché de l’emploi, le ministère leur a suggéré de rallonger leur formation afin d’obtenir le grade de technicien supérieur susceptible de leurs donner accès à l’emploi, chose qui s’est avérée fausse, puisque, poursuit-il, le calvaire continue pour ces mêmes stagiaires»

Des diplômes bidons ?

Interrogée à ce sujet, la directrice de la formation et de l’enseignement professionnel de Tizi Ouzou a tenu d’abord à rassurer ces stagiaires quant à la délivrance de leurs diplômes dans les prochains jours. Notre interlocutrice, qui nous a reçus dans son bureau samedi dernier, a précisé que «les spécialités qui disparaissent des nouvelles nomenclatures ne peuvent être interrompues de fait dès lors que le cursus est enclenché», avant d’avouer que ce cas est très particulier. «Ce problème est apparu en 2004 quand les premiers diplômés dans cette spécialité ont postulé pour un poste d’emploi dans la Fonction publique», a t-elle précisé. En effet, les stagiaires diplômés en fiscalité s’estiment exclus d’avance de postuler à la fonction publique. Ils précisent que seuls «certains privés ont accepté de les embaucher pour effectuer des tâches comptables».A ce titre, la DFEP renvoie cette tare sur le dos de la Fonction publique qui n’a pas inclus cette spécialité dans sa nomenclature. Chose que récuse l’inspecteur de la Fonction publique de la wilaya, Mehdi Akerrou-Berkane avec lequel nous avons eu un entretien dans son bureau, samedi, dans l’après-midi. Selon cet inspecteur, «les centres et instituts de la formation et de l’enseignement professionnels ne forment pas au profit de la Fonction publique». «La Direction des impôts, à titre d’exemple, qui est censée recruter ce genre de diplômés, possède son propre institut à Koléa qui forme les inspecteurs en fiscalité, donc elle ne peut puiser des effectifs issus des centres de formation professionnelle », dira encore Akerrou-Berkane non sans s’être désolé de la situation à laquelle sont confrontés ces stagiaires. M. Akerrou-Berkane nous fera savoir que la dernière nomenclature, établie par la direction générale de la Fonction publique, —institution rattachée à la chefferie du gouvernement— selon la circulaire des équivalences numéro 39/05 du 27/12/2005 portant équivalences administratives, «seuls les diplômés en DUEA (diplôme universitaire des études appliquées) ouvrent droit au titre d’équivalence leur permettant l’accès au grade de comptable administratif principal». Ce qui n’est pas pour arranger le sort des stagiaires issus des CFPA. Ces derniers semblent ainsi former en vrac sans prêter attention aux besoins du marché du travail, nous a-t-on dit. Néanmoins, l’inspecteur de la Fonction publique de la wilaya a tenu à préciser que «tous les diplômes non inclus dans la circulaire doivent être adressés à la Direction générale de la Fonction publique, sise à Alger, pour l’obtention d’une éventuelle équivalence ». Sauf que cette institution n’émet pas, systématiquement, des réponses positives à toutes les demandes. Les diplômés en fiscalité du CFPA d’Azazga ne demandent qu’être rétablis dans leur droit. A cet effet, ils interpellent le ministre de tutelle afin qu’il se penche sérieusement sur cette affaire qui risque, d’après eux, de compromettre leur avenir.

M.A.T

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