La ménagère a de plus en plus de mal à remplir son panier de courses. Le confort apporté par les revalorisations salariales successives consenties au cours de ces dernières années au profit des travailleurs n’aura pas fait long feu.
Le pouvoir d’achat des salariés est annihilé par une poussée inflationniste qui touche pratiquement tous les biens et services, excepté les produits subventionnés. Dopé par les pratiques spéculatives et la dérégulation du marché interne, l’indice des prix des produits à large consommation a emprunté une courbe ascendante. La dépréciation continuelle du dinar, conjuguée à ses dévaluations successives, ont contribué dans une large mesure, à accentuer cette fluctuation à la hausse du marché. «Nous ne savons plus où donner de la tête. Mon salaire rachitique ne suffit plus à faire face aux dépenses quotidiennes, pourtant limitées au stricte minimum», se plaint un employé de la fonction publique. Un autre père de famille avoue avoir du mal à boucler ses fins de mois : «Rien que la nourriture de ma petite famille de 4 membres me prend 80% de mon budget. Même en renonçant à certaines dépenses, mon revenu se volatilise au bout de 20 jours, tout au plus», confesse-t-il. La tendance haussière, constate-on, n’épargne ni les services, ni les biens alimentaires et agroalimentaires, ni les produits manufacturés. Cependant, le renchérissement le plus important touche les produits agricoles frais, notamment les fruits qui ont fait une embardée spectaculaire de près de 20% en quelques mois. Les prix de certains produits affichés sur les étals paraissent parfois bien plus élevés que ce que font ressortir les chiffres de l’inflation rendus publics par l’office national des statistiques (ONS). Une différence qui peut s’expliquer par le fait que les indicateurs de l’inflation, bien que calculés sur la base d’un échantillon représentatif de produits et de services consommés, n’intègrent néanmoins pas tous les biens de consommation, ni les produits subventionnés. De larges franges de la société se voient ainsi précipitées dans l’indigence et la précarité. Un nivellement par le bas, auquel on ne peut même plus remédier par des compensations salariales, dans un contexte marqué par la crise économique et la contraction des recettes publiques.
N. Maouche