Perpétuité pour deux meurtriers de leur complice

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Une bande de 5 compères, dont la victime, ont l’habitude de commettre des vols dans les maisons bien meublées et non habitées et de partager la “récolte” une fois le travail accompli. Mais, au dernier chapardage commis dans la maison d’un émigré, O. R., que son travail retient ailleurs mais qui reste, au moyen du téléphone, en contact permanent avec ses compagnons en vue d’un vol à préparer, n’y a pas participé et n’a donc pas eu droit à sa part de butin. Ainsi déçu par ses camarades, il les menace contre la somme de 50 000 DA qu’il réclamera à la victime du vol, de les dénoncer aux autorités judiciaires. Et pour éviter tout risque de propagation de la nouvelle du vol qui nuirait à la réputation de ce village, ces derniers ont, notamment les deux principaux accusés S.F. 25 ans et T. A. 29 ans, selon l’accusation, pris la résolution de l’éliminer physiquement. C’est cette affaire d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens doublée de constitution de bande de malfaiteurs, de détention d’armes à feu sans autorisation et de rétention d’information que le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a eu à examiner, avant-hier 10 avril. Et les débats qui ont duré près de 10 heures se sont soldés par deux condamnations à des peines de réclusion criminelle à perpétuité pour les deux principaux accusés, S. F. et T.A., un acquittement pour B. K. 25 ans, et 15 mois de prison ferme assortis d’une amende de 5 000 DA pour S.A. 29 ans.Le crime remonte à la nuit du Ramadhan du 26 novembre 2004 et a eu pour cadre le paisible village d’Aït R’zine, situé sur la rive gauche de la haute vallée de la Soummam. Cette nuit-là, vers 8h30, les accusés qui ont, selon le procureur promis à O. R., future victime, d’opérer un cambriolage dans une maison pour le “dédommager” des manques-à-gagner qu’il a subis lors du vol des bijoux et des euros, entre autres commis dans la maison de l’émigré, lui proposent en fin de compte, pour diverses raisons qu’ils ont invoquées, d’effectuer plutôt une promenade en forêt pour inspecter les pièges à porc-épics qu’ils y avaient tendus dans la journée. A ce propos, le procureur se demandera, lors de son réquisitoire, pourquoi chasser spécialement la nuit. Question à laquelle l’avocat de la défense répondra que le porc-épic était un animal nocturne, sa chasse ne peut se pratiquer que la nuit. Les accusés conduisent la victime dans une grotte, qu’ils décrivent comme étant spacieuse à l’intérieur, mais pourvue d’une toute petite entrée. Ils y introduisent de l’essence et y allument un feu dont la fumée est censée faire sortir les porc-épics de leurs trous.Une altercation se produit entre la victime, O. R. et l’accusé S. F., “parce que, répond ce dernier à une question du président, O. R. voulait abuser de moi”. S. F. sort le pistolet volé dans la maison de l’émigré et qu’il a dans la poche et tire d’abord un coup, puis 7 autres en direction de la victime. Mais la défense indique que le rapport balistique ne fait mention que de 2 balles trouvées dans le corps de la victime. Au cours de son violent réquisitoire qui a duré près de 40 mn, le procureur, après avoir relaté les faits dans le détail et précisé les accusations qui pèsent sur chacun des 4 prévenus, requerra la peine capitale pour les 2 principaux accusés S. F. et T. A., la réclusion à perpétuité à l’encontre de B. K. pour complicité d’homicide, et 5 ans de prison avec 10 000 DA d’amende à l’encontre de S. A., frère de S. F., pour rétention d’information.Les 4 avocats de la défense (un avocat par accusé) mettront surtout en avant le brouillard qui entoure cette affaire, l’absence de preuve et la négation des faits par les accusés. En effet, hormis S. F. qui a reconnu avoir tiré sur la victime, les autres accusés ont nié en bloc toutes les accusations qui sont portées contre eux.Concernant B. K. pour qui le procureur a requis la réclusion criminelle à perpétuité, son défenseur dira qu’il ignore tout de l’affaire et que son seul tort est d’avoir transporté des objets volés dans sa voiture.Quant à S. A. qui est accusé de rétention d’information pour n’avoir pas dénoncé le crime commis par son frère S. F., son avocat se demandera quel est l’Algérien et quel est celui, parmi nous tous, qui se permettra de dénoncer son frère.

B. Mouhoub

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