S. Ait Hamouda
Le 1er novembre 1954, le jour où quelques Algériens ont décidé de prendre les armes et de sortir la France d’un pays qui n’est pas le sien. C’était le jour de la Toussaint, c’était le jour à marquer d’une pierre blanche, c’était un jour d’automne qui ressemblait au printemps, c’était un jour où l’espoir est venu au monde que l’indépendance est assurément venue. Une promesse de chant sublime tonnait par-delà les montagnes habitées par la bravoure. Mais aujourd’hui, que retient-on de ce souvenir ? Les martyrs, les éclopés, les disparus sont-ils présents dans nos mémoires ? Nos jeunes se rappellent-ils de cette date ? L’ont-ils apprise à l’école ? les adultes l’ont-ils racontée aux jeunes pour qu’ils la marquent dans leurs cerveaux, pour qu’ils ne l’oublient pas ? Certainement pas. La Toussaint rouge du sang des Algériens est rappelée des fois à la hussarde, mais sans conviction, pour que ne se souviennent de ce rendez-vous que ceux, patriotes, qui ont donné au pays leurs biens, leur vie et tout ce qu’ils avaient de précieux pour que l’Algérie renaisse, parce qu’elle n’était pas encore venue au monde et le monde ne la reconnaissait pas. Il y eut des écrivains, des peintres, des musiciens, des sculpteurs qui l’ont célébrée, qui l’ont traduite dans tous leurs registres de la façon la plus insolite, la plus géniale, la plus vraie : Kateb Yacine qui vivait la tragédie nationale dans ses pulsions, Issiakhem qui la peignait dans ses travers et sa souffrance, Farid Ali qui la chantait dans la douleur… Il y a eu les porteurs de valises parmi les Français anticolonialistes et aimant l’Algérie à perdre haleine. Il y a eu les combattants de l’ALN qui tendaient embuscades, raids, et contraient les troupes colonialistes à 10 contre 100. Il y a eu des fidayine qui exécutaient les traitres, les ultras, et les ennemis du «polygone étoilé». Mais de tout cela, qui s’en souvient ? Qui rend l’hommage qu’ils méritent à nos héros qui sont morts par tombereaux ? Peu de gens. Peu d’Algériens retiennent encore les sacrifices du peuple. L’Histoire et ceux qui l’écrivent pourront témoigner du don de soi que ce peuple a consenti pour décoloniser le pays et le rendre aux Algériens.
S. A. H.