Protesta des clubs de football de Tizi Ouzou

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enquête réalisée par Salem Klari et Ali Chebli

Si la première citée, la ligue en l’occurrence, a décidé la programmation de la dix-neuvième journée tout en maintenant la décision de la déprogrammation de vingt-quatre rencontres prises mardi dernier pour le compte de la 18e journée par son bureau, non sans lever la contrainte financière concernant la troisième tranche suite à la promesse du DJS de la prendre en charge, les responsables des clubs persistent et signent en refusant de reprendre la compétition, répliquent-t-ils, sans la re-programmation de la dix-huitième journée qui concerne pour rappel une très large majorité des clubs engagés en championnat. Dans l’après-midi du même jour le bureau de ligue, lors de sa réunion hebdomadaire a fait marche arrière en décidant le report de la dix-neuvième journée prévue pour ce jeudi et vendredi ainsi que la match retard devant mettre aux prises le CRB Mekla à l’ES Nath Irathen qui était fixé pour hier mardi. Le bureau de ligue a néanmoins maintenu le déroulement des 1¼4 de finale de la coupe de wilaya qui étaient prévus pour hier. Ce report de la 19e journée serait motivé par le souci de sauver les meubles, car il était tout a fait prévisible que les clubs auraient de toute façon boycotté cette journée avant qu’une solution ne soit trouvée pour la re-programmation de la précédente journée, soit la 18e. On a appris aussi que le président, qui a été saisi par vingt-trois clubs pour la tenue d’une assemblée générale extraordinaire a, devant l’absence du quorum, décidé de la convoquer a son initiative en usant de ses prérogatives. Une perche tendue de sa part envers les clubs affiliés à sa structure. Cette AG sera tenue au courant de la semaine prochaine.

La chronologie du bras-de-fer Aussi, afin d’éclairer le plus fidèlement possible l’opinion publique sportive de la wilaya de Tizi Ouzou sur le feuilleton toujours en cours concernant les clubs de football affiliés à la ligue de Tizi Ouzou, nous nous contentons de rapporter les faits tels qu’ils se sont déroulés, lundi dernier en toute objectivité.Rappel des faits : Tout a commencé le dimanche 2 avril dernier, soit deux jours avant l’expiration du délai butoir du versement de la troisième tranche des frais d’engagement avec une première réunion au niveau de la ligue à laquelle on pris part dix huit clubs représentés pour les uns par leur président et pour d’autre des dirigeants. Un PV a été établit sur place dans lequel il était écrit que la troisième tranche des frais d’engagement ne sera payée qu’après obtention des subventions. Les dirigeants des clubs sont revenus à la charge une journée après, soit le surlendemain mardi en organisant un sit-in improvisé devant le siége de la ligue de football. Ces derniers, au nombre de vingt-trois ont rédigé sur place une lettre au président de la ligue dans laquelle ils demandaient la tenue d’une assemblée générale extraordinaire. La doléance a été remise au bureau de ligue qui a reçu, pendant un laps de temps, deux représentants, au moment où il tenait sa réunionDurant la journée de mercredi, les représentants des clubs se sont encore donné rendez-vous à la DJS où trois membres ont été reçus par le chef de service des sports. Toujours dans la même journée une proposition a été faite pour la création d’une association, seule à même de défendre au mieux les droits des associations sportives. Les vingt-trois dirigeants des formations présents ont tous donné leur accord. Pour le lieu du déroulement de la réunion, le président de l’ES Sikh Oumedour a invité ses homologues à cette rencontre au niveau de son village la journée du vendredi. Dans la même journée du mercredi, la ligue avait de son coté saisi tous les clubs pour les informer des matches retenus et ceux déprogrammés pour le compte de la dix-huitième journée prévue le lendemain. Sur les deux rencontres qui étaient maintenues sur les vingt-six possibles, seul le match ayant opposé le FC Mechtras au NRB Béni Douala a eu lieu. Celui devant mettre aux prises l’US Ath Yenni à l’US Ait Said n’a pas eu lieu. La décision a été prise d’un commun accord entre les dirigeants des deux formations.Vendredi, les responsables des clubs se sont retrouvés, comme prévu, à sikh Oumedour où ils ont tenu leur réunion qui a vu la naissance de l’association des clubs de la wilaya.Samedi, une délégation des clubs a été reçue par le DJS. Ce dernier après avoir écouté avec beaucoup d’attention ses hôtes, s’est engagé a prendre en charge l’aspect financier en versant les 50 000 DA pour chacun des clubs y compris ceux qui ont déjà honoré la créance auprès de la ligue.Le même jour, en fin d’après-midi, M. Cherouak, a invité le bureau de la ligue en vue de l’informer de la décision qu’il a prise dans la matinée, à savoir la prise en charge de la troisième tranche. Le premier responsable de la jeunesse et des sports de la wilaya sans pour autant s’immiscer dans le travail technique qui revient à la ligue a, néanmoins demandé aux membres de cette instance d’essayer de trouver une solution quant à l’éventuelle reprogrammation de la 18e journée qui a été amputée de 24 rencontres pour les raisons déjà citées. Dimanche, les clubs se sont de nouveau retrouvés devant les locaux de la ligue où ils ont observé un autre sit-in. Dans l’après-midi, le président de la Ligue de football et le DAF se sont rendus au siége de la FAF à Alger pour, sans doute, informer la fédération de l’effervescence née au sein de la majorité des clubs de Tizi Ouzou suite à cette histoire de déprogrammation de pas moins de vingt-quatre rencontres. La première instance du football national après avoir entendu les deux émissaires de la ligue aurait conforté cette dernière dans ses décisions. Le feuilleton ne semble pas encore connaître son épilogue même si la dernière décision du report de la 19e journée a été perçue par les clubs contestataires comme une main tendue pour le dénouement de cette crise. La prochaine AG extraordinaire devra être une occasion pour mettre fin à ce bras-de-fer qui a complètement chamboulé le déroulement du championnat de wilaya. Lors de cette AG, la sagesse de tout un chacun est souhaitable. Le dénouement de cette crise permettra le retour à la normale avec la poursuite de la compétition qui concerne des milliers de jeunes à travers les quatre coins de la wilaya.

Les subventions, l’éternel problème Le dernier conflit entre la Ligue de football et les clubs de la wilaya à propos de la troisième tranche des frais d’engagement a mis à nu le véritable problème dans lequel végète la totalité des clubs de la wilaya, à savoir le problème d’argent. Les aides consistantes de l’état (fonds de wilaya, APW et APC) sont seules à même de permettre aux clubs évoluant en championnat de wilaya de Tizi Ouzou de continuer à mener à bien leur noble mission qui est celle d’encadrer des milliers de jeunes qui n’ont de loisirs pour échapper à l’oisiveté et au stress quotidien, que la pratique sportive d’une manière générale et le football en particulier. Les contributions dont les clubs bénéficient actuellement sont tout simplement dérisoires et sont très loin de répondre au strict minimum des besoins réels de ces associations qui ne savent pas où donner de la tête pour mener la saison sportive a terme. Cette restriction n’est malheureusement perceptible qu’au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou où les associations sportives sont désavantagées par rapport aux autres clubs des autres wilaya qui perçoivent des aides assez consistantes. La raison qui est mise en exergue concernant le fonds de wilaya par les responsables concernés pour justifier cet écart béant est la consistance très en deçà de la moyenne de ce dernier qui ne permet pas d’offrir plus au mouvement sportif. Au niveau de l’APW, le problème qui se pose est celui de la répartition souvent inéquitable. Les élus ne prennent souvent aucun critère lors de la répartition des subventions. A titre d’illustration, un club sportif renfermant plusieurs sections avec des centaines d’athlètes perçoit moins d’argent qu’une petite association de moindre importance en nombre d’athlètes et de sections. Cette tare revient malheureusement chaque année et le grand perdant reste les associations les plus actives de la wilaya.Quant aux APC, les 3% sur le budget communal qui reviennent au mouvement associatif, demeurent insignifiants. Comme l’écrasante majorité des APC sont déficitaires, alors les 3% répartis entre les associations ne représente presque rien. Exemple : une APC qui dégage un montant de 40 000 DA représentant les 3% et qui a dix associations (toutes activités confondues) le calcul est simple. 4 000 DA comme subvention annuelle. C’est écœurant…l’engagement de l’état à travers une autre formule de financement des associations sportives est nécessaire afin de préserver cette jeunesse des fléaux sociaux qui engrangent de plus en plus en cette frange importante de la population et ce dans le souci de sauvegarder cet espace d’épanouissement des jeunes issus de cette région, l’une des plus mal loties en matière de développement en ressources, mais la plus prolifique en exploits sportifs dans toutes les disciplines.

Où est le rôle des dirigeants de clubs ? Etre président d’un club sportif dans la wilaya de Tizi Ouzou est devenu aujourd’hui une gageure. En effet, il n’est pas du tout aisé de présider aux destinées d’une association quant on connaît l’état lamentable dans lequel végète le mouvement sportif dans la wilaya. Cela est devenu une grande responsabilité d’encadrer des centaines de jeunes quand on sait qu’il est déjà difficile aujourd’hui d’être en charge de sa propre famille. Certains présidents et dirigeants qui travaillent bénévolement en se démenant corps et âme pour assurer le minimum à leurs clubs le font souvent au détriment de leurs propre famille. Les problèmes sont au quotidien. Trouver le transport, assurer la restauration et le suivi médical, se débrouiller l’équipement, négocier des créneaux d’entraînement pour la majorité des clubs dépourvus d’infrastructures, programmer des matchs amicaux….sont autant de tâches que doit faire le premier responsable et ses collaborateurs. Tout cela n’est pas une simple sinécure. Mais comme chaque responsable, même en étant bénévole, le dirigeant ne devra pas occulter son rôle dans le financement de son club en cherchant à renflouer les caisses à travers l’apport des sponsors et des bienfaiteurs. Cela est nécessaire d’autant plus que l’apport de l’Etat en matière d’aides financières ne suffira jamais à assurer la prise en charge des besoins réels des athlètes. Quand un club multidisciplinaire de la wilaya avec 600 athlètes perçoit annuellement en moyenne une aide financière globale de 100 millions de centimes et que les prévisions de dépenses pour faire face aux différentes compétitions dépassent de loin la barre de 200 millions de centimes, il est indispensable que les dirigeants pensent à trouver une parade à travers des contributions de bienfaiteurs et des sponsors, même si cela ne doit pas remettre en cause le fait que l’Etat, premier garant de l’épanouissement des jeunes, doit revoir à la hausse les aides accordées jusque-là, qui restent il faut encore une fois le rappeler très dérisoires. L’état actuel des choses ne prête guère à l’optimisme. Le salut ne viendra que par un effort conjugué aussi bien de la part de l’Etat ( APC, APW, DJS) que des dirigeants des clubs. Ces clubs qui poussent comme des champignons Cela est devenu un phénomène ces trois dernières années, au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Des associations sportives poussent comme des champignons. Il ne se passe pas une saison sans qu’une commune ne se voit créer un nouveau club. Cela peut paraître comme une bonne chose quand on sait que chaque club créé charrie derrière lui des dizaines, voire des centaines de jeunes. Ces derniers trouvent enfin un lieu où ils peuvent s’adonner à leur sport favori et se prémunir ainsi de l’oisiveté et de tous les fléaux qui en dépendent. Mais, il y a toujours un problème. Créer un club c’est bien, mais trouver les moyens de le gérer c’est encore mieux. On a cité à plusieurs reprises dans ce dossier l’éternel problème de financement dont souffrent les clubs. Ceux qui existent déjà depuis vingt, voire trente années n’arrivent pas à fonctionner et il y en a même certains clubs qui ont mis les clés sous le paillasson tellement il est très difficile de continuer à fonctionner avec le rétrécissement des moyens financiers alloués par les pouvoirs public. Gérer un club en 2006 n’est pas aussi facile que l’on le faisait il y a vingt ans. Le nombre d’athlètes augmente et avec lui les charges aussi. Un simple déplacement d’une commune à une autre est très coûteux et il l’est encore plus lorsqu’on doit effectuer un long trajet. Certaines communes qui ont des bus, les mettent le week-end à la disposition de leur club. Mais aujourd’hui, comment une APC va-t-elle gérer les déplacements quant il y a deux ou trois clubs à son niveau ? Combien d’argent va t’il attirer dans les caisses quand il y a autant d’associations ? L’autre grand problème qui se pose est celui relatif à l’infrastructure. Déjà que la wilaya de Tizi Ouzou est considérée comme l’une des pauvre en la matière au niveau national, il est quasiment impossible de « caser » chaque week-end, les rencontres des différents championnats. Chaque club qui naît s’engage directement dans le championnat de wilaya. Lors des trois dernières années, douze nouveaux clubs ont été créés dans la wilaya.Il s’agit de l’US Sidi Belloua, l’US Tala Athmane, JS Tala Tgana, ES Draâ Ben Khedda, ES Sikh Oumeddour, US Ath Yenni, ASC Irdjen, US Kabylie, DC Ath Aggad, MS Ait Abdelmoumene, JS Timizart Loghbar, US Ait Said. La plupart de ces clubs sont dépourvus de stades. Les entraînements s’effectuent sur des terrains vagues ne répondant à aucune norme. Comment un joueur qui ne trouve même pas un espace où s’entraîner va-t-il réussir une grande performance dans une compétition telle que le championnat de wilaya ?Ce nombre très important de clubs de football est certes un signe de vitalité pour cette pratique au niveau de la wilaya, mais il est toutefois nécessaire de se débarrasser de cette frénésie à la création de clubs qui se fait malheureusement au détriment de la qualité.Le constat est là, devant nos yeux. Aucun club de Tizi Ouzou n’a réussi à dépasser le palier de la Régionale II si ce n’est qu’on assiste à un éternel ascenseur entre ce palier et ceux d’en dessous.

Le salut passe par les écoles Aujourd’hui, il est nécessaire de revoir la politique de l’organisation de la pratique du football au niveau de la wilaya. Les problèmes qui minent cette discipline ont mis à nu les véritables carences qui caractérisent le fonctionnement et l’orientation de la plupart des clubs. Courir derrière les résultats pour revenir à chaque fois à la case de départ n’est pas fait pour faire sortir ce sport populaire de l’auberge. Le salut viendra inexorablement par la création des écoles au niveau des communes et, pourquoi pas des grands villages.Les écoles de football créées ces derniers temps à Tizi-Rached, Bouzeguène, Abi Youcef et Tizi-Ouzou constituent un exemple qui devra se généraliser dans les autres communes et villages. Gérer une école ne demande pas beaucoup d’argent mais cela génère beaucoup de résultat quand on sait que faire apprendre à un enfant de 8 ans les rudiments du football est certes moins coûteux mais bénéfique pour la discipline. C’est dans ces écoles que l’on forme les espoirs de demain.

S.K / A.C

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