Les Zaouïas, patrimoine culturel et cultuel

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Ce nombre élevé de Zaouïas en Kabylie (1/3 des 357 existantes au niveau national) qui se sont créées en Kabylie à partir du 18ème siècle, peut s’expliquer, en partie, par la proximité du fondateur de la Tarika Errahmania avec sa région natale.

En effet, le saint fondateur de la Tariqa Khalwatia-Rahmania, appelé Cheikh Mohammed Abderrahmane (ou Sidi M’hammed Ben Abederrhmane) El Djurdjuri, Ezouaoui, El Guectouli, El-Azhari est né en 1714 dans le village des Aït Smaïl dans la région de Boghni en Kabylie. Il appartenait à la tribu des Guejtoula (Guechtoula) d’où le surnom d’El-Guejtouli, El-Djurdjuri pour le Djurdjura d’où il venait et El-Azhari pour l’université d’Al-Azhar où il va étudier vers l’âge de vingt ans. Il étudia, d’abord le Coran dans la Zaouïa du Cheikh Ibn Arab des Ath Iraten, une Zaouïa du Djurdjura surnommée Montagne de la lumière (Djebel El nour), en raison du très grand nombre de centre de rayonnement spirituel et religieux que comptait cette région. Mais rien ne valait un voyage en Orient pour approfondir sa science et compléter ses connaissances. Il a comme maître reconnu, le Cheikh Mohamed Ibn Salem Al-Hafnaoui, qui va l’initier à la Tariqa Khalwatia. La Khalwatia est une pratique soufie. Elle tire son nom du mot «khalwa» qui signifie retraite, et pour la Tariqa Khalwatiya, la retraite spirituelle du pratiquant en est le principe fondamental. En référence à la retraite spirituelle du prophète. Après trente ans d’absence, il revient enfin chez lui et s’installe d’abord dans son village des Aït Smaïl, en 1770. Il fonda, en 1774, la première Zaouïa Khalwatiya de l’Afrique du nord qui, bientôt rayonnera sur toute l’Algérie et au-delà. Il rédigea de nombreux ouvrages peu connus du grand public, dont la plupart demeurent sous forme de manuscrits. C’est ainsi que Sidi M’Hammed dit abderrahmane avait introduit la Tariqa Khalwatia en Algérie. Par la suite, il décida de s’installer à Alger pour y fonder une autre Zaouïa à la Daïra d’El-Hamma où il enseigna et prêcha avec grand succès, durant une vingtaine d’années.Vers la fin de sa vie, suite à une accusation conflictuelle par les Oulémas de la Cité l’accusant de bidaa (innovation impie) ; la population du Djurdjura manifeste son soutien à Sidi M’hammed Ben abderrahmane (Abderrahmane) et le gouvernement turc, peu soucieux de susciter une situation aux conséquences imprévisibles, fit rendre un arrêt favorable au cheikh. Avant sa mort, en 1793, le maître retourne à Aït Smaïl et six mois plus tard, après son retour, il réunit ses adeptes et leur désigna son successeur Sidi Ali Ben Aïssa. Il rendra l’âme le lendemain de cette investiture à l’âge de 79 ans. Ceci dit, le parcours de cette figure emblématique a constitué le thème de la majorité des communications des intervenants lors de ce premier colloque national sur «Les programmes d’enseignement de la Tarika Errahmania, organisé le 26 novembre 2018, au Musée du Moudjahid Tizi-Ouzou. A propos de ces programmes, le Dr Tayeb Boussaid, de l’université de Blida, dira : «L’objectif des programmes d’enseignement de Tarika Errahmania est d’apprendre le coran : réciter, lire et expliquer, mais pas seulement. On enseigne également les sciences islamiques, la législation, le parcours du prophète…etc. Basée sur l’ancienne méthode, elle prend en charge le côté éducation et connaissance. On dispense, évidemment, des cours d’arabe classique, sa grammaire et sa littérature.» Enfin, les organisateurs de ce premier colloque national recommandent ce qui suit : La publication et l’édition de ces méthodes d’enseignement, la création d’un centre d’étude de la Tarika Errahmania à Alger ou à Bounouh, la protection des biens des confréries. Ils préconisent, également, la protection des Mausolées de Sidi M’hammed et de Bounouh, la réalisation d’un film documentaire retraçant l’historique de la Tarika Errahmania, un glossaire et l’organisation d’un colloque international à Alger.

Farida E.

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