«Touche pas à ma JSK !»

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à l’appel des fans de la JSK à Paris, une grandiose manifestation a encore ébranlé, avant-hier, la capitale française.

Une manifestation pacifique, toutefois, initiée pour dénoncer «le mépris de la ligue algérienne du football professionnel» à l’égard de ce club dont l’aura a dépassé les frontières nationales. Après la razzia des «gilets jaunes» sur les Champs Elysées, la veille, le lendemain a laissé place à un envahissement printanier en jaune et vert du large public Canari qui a pris d’assaut la grande placette de la Gare de l’Est. La rencontre était voulue initialement comme une simple réunion dans le but de lancer un mouvement de solidarité pour contrer ce que les fans de la JSK considèrent comme «un acharnement» contre leur club. Notamment avec les rocambolesques programmations auxquelles l’équipe a été soumise depuis son match en déplacement à Sétif, jusqu’à la sanction du président Mellal d’une année dont six mois fermes, en passant par l’histoire invraisemblable qui a entouré la confrontation face à l’USMA et l’épisode du déplacement à Bordj Bou Arreridj. Le tout, estiment-ils, «orchestré par un président de Ligue qui a admis avoir décidé de tout en solo, de nuit, sans s’en référer à son bureau ni à sa structure, qui reste, comble des combles, à ce jour, sans agrément». Pire, «pour sauver sa tête, l’ex-député du FLN, aujourd’hui promu donc premier décideur de la Ligue, s’était même confondu, au lendemain du deuxième report du match de l’USMA, en excuses face à son bureau qui avait décidé alors de geler ses activités en signe de protestation face justement à ses agissements en solitaire», renchérissent encore les fans. Ce jour-là «il a beaucoup promis aux autres élus de la ligue, comme, désormais, songer à les consulter pour toute décision à prendre, procéder à l’installation d’un secrétaire général de la ligue (Oui, la Ligue du football professionnel d’Algérie fonctionnait jusque-là sans secrétaire général, alors que le championnat est à la fin de la phase aller)… Mais depuis, la nouveauté marquante qui est sortie de la Ligue est cette sanction d’une année à l’encontre du président de la JSK qui a osé mettre sur la place publique les pratiques douteuses de Medouar, puisque c’est de lui qu’il s’agit, et la situation informelle dans laquelle évolue l’auguste Ligue», chargent encore les fans du club kabyle. De mieux en mieux, Mellal n’a, à ce jour, reçu aucune notification de sa sanction, note-t-on. D’où cette révolte des fans de la JSK qui ont de suite manifesté leur large soutien à la direction en place, qui entend bien porter l’affaire au niveau du Tribunal Arbitral Sportif de Lausanne, si la FAF (appelée à se pencher sur le dossier aujourd’hui mardi) ne revoit pas la sanction contre Mellal. Et la manifestation des fans de la JSK à Paris, avant-hier, constitue une opportunité pour entamer l’internationalisation de ce conflit LFP – JSK dont le club est «doublement victime». Faudrait-il préciser que la JSK ne faisait pas que des heureux avec son parcours flamboyant de onze matchs sans la moindre défaite, avant ce fameux match face à l’USMA renvoyé à deux reprises par le président de la Ligue, pour on ne sait encore quelle raison. En effet, près de 20 jours après, Medouar, qui a eu pourtant à animer une conférence de presse entre temps, n’a pu avancer aucune explication quant aux raisons qui l’ont amené à différer le match USMA – JSK de sa date initiale. Sur le sujet, il a juste expliqué qu’il était libre de diner avec qui il voulait, en signe de commentaire sur une photo, diffusée sur les réseaux sociaux, le montrant, de nuit, pendant cette période de conflit, attablé avec Serrar qui n’est autre, faut-il le rappeler, que le directeur général de la société SSSPA USMA, justement dans un resto algérois. Et quand on se rappelle que la Ligue a communiqué plus d’une décision de nuit, parfois même à 23 heures, même les plus naïfs sont en droit de se poser des questions…

Avant-hier, Paris 10e, Gare de l’Est, 129, rue du Faubourg Saint Martin…

Voilà quelques détails sur ce conflit, qui, à force de s’entasser, ont amené à amplifier la frustration des Kabyles qui ont donc fini par se révolter et dire au monde, dans la correction toutefois, leur volonté et leur mobilisation à ne pas se laisser faire. Et surtout à dire leur détermination à rester unis derrière leur club pour lequel ils réclament justice. Rendez-vous était donc pris pour avant-hier à 16 heures au Royal Est, un établissement de restauration du côté de la Gare de l’Est dans le 10e arrondissement parisien. Au départ, rien ne disait que la petite réunion envisagée allait déboucher sur l’immense rassemblement qui s’en est suivi. Mais c’était sans compter sur la mobilisation des Kabyles et leur attachement à ce symbole qu’est la JSK pour eux. Les fans ont commencé à arriver par petits groupes dès le milieu de l’après-midi. Et la foule allait vite prendre des proportions. Ca a duré de longues minutes, puis de longues heures et parfois sous la pluie. Aux alentours de 18 heures, ce sera la grande cohue avec l’arrivée de Mellal sous des acclamations nourries accompagnées des traditionnels slogans «Imazighen !». Toute la rue sera à ce moment-là envahie par la foule compacte qui occupait les lieux depuis déjà un bon moment. Les forces de l’ordre, présentes sur les lieux, ont d’ailleurs dû vite réorienter la circulation dans d’autres directions, puisque l’accès sera complètement fermé. Difficile de se frayer un chemin pour atteindre le président de la JSK complètement enveloppé par la foule. C’était tout le monde qui voulait s’approcher de lui, qui pour lui dire un mot, qui pour immortaliser le moment… Au-dessus des têtes, ce fut une vraie forêt de portables levés. Les flashs crépitaient de partout. On prend des photos, on filme, on diffuse surtout en direct via les réseaux sociaux… On se bouscule et on reprend en chœur des chants à la gloire de la JSK, le tout dans la joie, la bonne humeur, une ambiance de fête… La marée humaine grossissait chaque minute un peu plus, pour déborder sur quasiment tout le quartier à la nuit tombée. Les policiers, rassurés par la nature pacifique et plutôt festive de la manifestation, se contentaient d’observer de loin les scènes de liesse. Impossible pour tout ce beau monde présent d’être contenu dans la salle du Royal Est où devait se tenir la rencontre. Mellal sera introduit difficilement en jouant des coude. Des jeunes, qui se sont improvisés vigiles à l’occasion, ont laborieusement pu lui frayer un chemin. A l’intérieur, la salle était déjà bondée. Pas du tout évident que tous ceux qui le voulaient puissent y accéder. C’est la grande bousculade devant la porte en verre. Le personnel est débordé. Les organisateurs aussi. Certains tentent d’entrer pendant que d’autres essayent de prendre le chemin inverse. Pas du tout facile d’atteindre Mellal. Ce dernier tentera alors difficilement en début de soirée de s’adresser à la foule à travers une fenêtre du premier étage de l’établissement. Mais ce sera une brève allocution de remerciement. Il ne pouvait se permettre un meeting populaire et transgresser la loi. Les fans n’ont pu l’entendre longuement comme souhaité, mais l’essentiel pour eux était atteint et leur message est bien passé à ceux qui s’aventureraient à nuire à leur club : «Touche pas à ma JSK !»

De Paris Sandra Nizab

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