D'ores et déjà, les grives et les étourneaux ont fait leur apparition par essaims dans toute la région du Sahel.
Ces oiseaux migrateurs qui quittent l’Europe, où la nourriture est rendue inaccessible par le gel et la neige, et viennent hiverner en Afrique du nord, où le climat est plutôt doux en automne et en hiver. Et c’est par milliers que ces passereaux à la chair comestible volent en direction de nos contrées pour s’engraisser, étant donné qu’un immense verger oléicole, dont ils affectionnent les fruits, y est disponible. Se nourrissant d’insectes aussi, ces oiseaux trouvent le cadre idéal pour passer un hiver à l’abri du besoin. Cette année et à en croire certains agriculteurs, le nombre de ces oiseaux migrateurs a sensiblement diminué pour des rasions qui restent inexpliquées. «Il y a certaines années, d’énormes essaims sont visibles dans le ciel dans toute la région du Sahel. Dans les oliveraies, leur nombre se compte par milliers et ravagent les récoltes d’olives. Mais cette année, leur nombre a diminué d’une manière significative. Certes au début du mois de novembre, des essaims ont été aperçus dans toute la région, mais depuis le début de la cueillette, il arrive de voir quelques oiseaux dans les champs mais pas beaucoup», confie un agriculteur de Chorfa. Cependant, même si les conditions climatiques sont favorables pour leur hivernation, il y a ces périls qui les attendant comme à l’accoutumée à pareille période. En effet, comme cette volaille sauvage cause d’énormes pertes aux récoltes, des propriétaires des oliveraies et autres chasseurs occasionnels s’ingénient à utiliser tous les moyens dont ils disposent afin de « les mettre hors d’état de nuire ». Néanmoins, leur chasse à outrance constitue aussi un facteur prépondérant dans la menace d’extinction qui pèse sur ces espèces fragiles. Effectivement, la chasse aux grives et étourneaux, est entamée sur les chapeaux de roues. Dès que les premiers essaims sont aperçus par des chasseurs aux aguets, ils ne ratent aucunement l’occasion pour rafler des dizaines voire des centaines d’oiseaux dès le début, perpétrant de véritables massacres sur cette espèce, en déséquilibrant l’écosystème et la biodiversité animale, lesquels ont leur pesant dans l’équilibre environnemental et les différents cycles biologiques. De l’avis de beaucoup de vieux, cette chasse a toujours existé, mais cette activité était une passion et un moyen de se nourrir. De nos jours, cette chasse a pris une autre tournure et vire au massacre, avec l’avènement de moyens modernes. Ainsi donc, tous les moyens sont mis pour chasser les passereaux afin de les consommer ou de les vendre. Et pour ce faire, les chasseurs, généralement des jeunes, ne lésinent pas sur « l’arsenal » à mobiliser afin de capturer le maximum de ces oiseaux à la chair tant affectionnée. Et pour cela, ils se rendent aux marchés hebdomadaires là où il leur est proposé les équipements afférents. Les petits chasseurs pour le plaisir procèdent ainsi à l’achat de pièges à oiseaux qui coûtent 100 DA l’unité. D’autres plus « gourmands » encore, achètent de la colle à rats à 200 DA le tube, qu’ils enduisent sur un bouquet d’Alfa, cédés à partir de 200 DA. D’autres chasseurs encore plus avides se permettent le « luxe » d’acheter des filets spéciaux, de véritables « machines » à massacrer lesdits oiseaux, et ce, à raison de 2 600 DA le filet de 20 mètres sur 3. Ces derniers qui ont fait leur apparition ces dernières années sont utilisés sans limites dans nos contrées, ce qui met sérieusement en péril la pérennité même de ces espèces d’oiseaux comme le merle, la grive sous toutes ses espèces, les étourneaux…Ce procédé tant décrié par les défenseurs de ces passériformes est utilisé dans l’impunité totale, au mépris des règles régissant la chasse en tout.
Une chasse mercantile
Les choses se corsent davantage lorsque la chasse « rationnelle » se transforme en chasse « mercantiliste », où les chasseurs commettent de véritables « génocides ». Selon certains habitants de la région du Sahel, les prises sont importantes et atteignent parfois 60 à 80 pièces. Ces oiseaux sont ensuite proposés à la vente à 150 DA l’unité sur les abords des routes nationales traversant la région du Sahel. Des personnes sans scrupules mettent à profit le retour de ces passereaux pour l’hivernation afin d’engranger des profits au détriment de l’équilibre biologique et écologique. Ainsi, depuis quelques jours, des jeunes s’installent aux abords de la RN 15 et 26 et proposent aux usagers de la route les oiseaux chassés la veille. A la sortie de Raffour, en cette période de l’année, des jeunes s’installent aux abords de la RN 15 et exposent à la vente des dizaines de ces oiseaux. Cette vente génère des gains non négligeables pouvant atteindre 5000 DA avec les automobilistes friands de la chair de ces oiseaux.
Y. Samir.