Les habitants des différents villages de la commune de M'Chedallah ont repris, ces deux dernières années, avec l'organisation communautaire d'antan et les actions de volontariat et de solidarité.
En effet, il ne se passe pas une semaine sans que ne soit organisé ça et là des actions de volontariat ou diverses activités pour commémorer certaines dates historiques restées ancrées dans la mémoire collective. Sur ce dernier point, à Saharidj et Raffour, ces dernières années, les populations marquent chaque fois une halte pour se rappeler à la souvenance les dates historiques marquant la destruction des villages Ighzer Iwakuren, Tadart Ladjdid et Ivalvaren par l’armée française. Au delà de l’aspect commémoratif, la célébration de ces dates est une occasion offerte pour les villageois de se rencontrer, d’échanger et de tenir des assemblées générales (AG) au niveau de ces villages martyrs pour étudier les voies à même d’aider au développement de ces villages de montagne et de les repeupler. Toujours à Saharidj et à Ath Ali Outhemim exactement, les villageois se rencontrent régulièrement en tenant des assemblées et rencontres pour évoquer les problèmes de cette localité, laquelle s’est vidée de ses habitants ces dernières années. Le but derrière ces réunions c’est bien évidemment d’aider le retour des villageois. Pour faciliter ce retour, les villageois ont dressé tout une plate forme des besoins de la localité en matière de commodités (eau, gaz, électricité, assainissement, routes…) et services publics. L’autre volet auquel les communautés villageoises accordent beaucoup d’intérêt concerne l’amélioration du cadre de vie. Pour se faire, des opérations de volontariats pour la restauration d’ouvrages d’utilité publique telle que les pistes, les monuments des martyrs, les sources et fontaines, le nettoyage sont organisés régulièrement depuis deux ans aux autres coins de la vallée du Sahel. Timechrat, une tradition bien ancrée en Kabylie et dans la région, est aussi ressuscitée ces dernières années partout à travers les villages de la région. Ainsi, ces jours-ci, les citoyens de Tamalhat sont à pied d’œuvre pour organiser Timechrat, une tradition oubliée depuis plusieurs décennies que la population d’Imalahan veut ressusciter. Des commissions ont été installées et une opération de collecte de dons aussi bien à Ahnif qu’à El Adjiba est actuellement en cours pour réunir les fonds nécessaires pour cette occasion. Il faut préciser que dans l’organisation villageoise d’antan, cet événement était incontournable car il tisse des liens de solidarité et d’entraide.
La réfection des écoles au menu également
Il n’en demeure pas moins que l’activité la plus répandue est la restauration des écoles primaires à travers toutes les communes sans exception. Pour cette dernière opération, ce sont surtout des groupes de jeunes composés d’universitaires, chômeurs et d’artistes peintres et autres maçons qui s’impliquent avec quelquefois une contribution des communes. Durant le mois de décembre en cours, deux opérations sont menées à Takerboust et Ahnif. À l’école Terrad Hocine, l’objectif est de réaliser un préau et à Ahnif, il est question de réhabiliter certaines installations au niveau de l’école Boubi Ali. Il est utile de rappeler que ces mêmes groupes de jeunes bénévoles ont débuté en 2017 dans plusieurs agglomérations, telles que Raffour, Takerboust, Ath Mansour, Ivahlal, Chorfa, Ighrem, Vouaklane et Ath Yevrahim par des opérations de nettoyage des ouvrages d’évacuation des eaux pluviales qui causent problème à la moindre perturbation climatique, mais aussi et surtout par des opérations d’embellissement et de ravalement des façades et bordures des trottoirs à base de peinture aux couleurs amazighs. À Raffour et Vouaklane, dans la commune de M’Chedallah, les jeunes volontaires ont réalisé de véritables chefs-d’œuvre qui sont soit des symboles ou des personnages historiques des Amazighs. Ces opérations se poursuivent toujours et actuellement, un groupe de volontaires du collectif d’Ath L’khir de Takerboust est en train de réhabiliter deux fontaines de la localité. Aussi, depuis le début de ce mois, de nombreux volontaires se préparent pour célébrer la fête de Yennayer. À El Esnam et à l’initiative du collectif Ath L’khir et du mouvementa associatif, des réunions sont tenues pour préparer la célébration du nouvel an berbère. À Takertboust, des préparatifs sont également en cours pour marquer cet événement. Notons, enfin, que l’activité qui attire aussi de nombreux bénévoles à l’appel des comités des sages des villages est la collecte de fonds aux profits des malades sans ressources qui nécessitent des soins à l’étranger. Ainsi, depuis quelques semaines, une opération de collecte de dons au profit d’un adolescent, Mohand Salah Toudert, atteint d’une maladie grave nécessitant des soins à l’étranger, est menée aux quatre coins de la daïra de M’Chedellah. Cette mobilisation et implication des citoyens dans ces activités sociales et d’utilité publique interviennent après la défaillance de l’État dans leur prise en charge, prétextant une crise économique qui perdure.
Oulaid S.