Bien que l’Etat ait fourni des efforts pour désenclaver des villages et de nombreux hameaux, Iaâzouzen dans la région de Frikat reste toujours dans les ténèbres. Effectivement, les habitants de ce village souffrent comme des damnés. A l’invitation du comité, nous nous sommes rendus sur les lieux. Pour y arriver, il fallait grimper jusqu’au sommet de la montagne, puis redescendre à Iaâzouzen, quatre kilomètres à pied. Depuis l’indépendance, les citoyens de ce village n’ont pas cessé de demander l’ouverture d’une piste. “Quarante-quatre ans après l’indépendance chèrement payée, nous transportons encore nos malades et les femmes enceintes sur des civières. Nous sommes les damnés de la terre. Chez nous, ce n’est pas encore l’indépendance”, nous a lancé notre guide. Dans ce village perdu dans la nature, les habitants manquent de tout. Une bouteille de gaz, un sac de semoule doivent être transportés à dos de mulet. “Nous nous sommes rapprochés dernièrement des autorités locales. On nous a dit qu’elles feraient quelque chose. Concrètement, rien n’est encore décidé”, ajoute notre interlocuteur. Et d’enchaîner : “En tout cas, nous avons lancé une pétition à ce sujet. Nous attendons la visite du wali pour la lui remettre. Notre village est entièrement enclavé”. Dans ce hameau, même ceux qui sont aidés dans le cadre de l’autoconstruction sont plus pénalisés que les autres.S’ils paient un camion de sable à 10 000 dinars, ils devraient encore débourser au moins trois mille dinars supplémentaires pour son acheminement à dos de mulet jusqu’à leur village. Le même constat a été fait pour les autres matériaux de construction. En dépit de tout cet abandon, les villageois gardent toujours cet esprit de solidarité. “Pour l’eau potable, nous en avons fait l’adduction en organisant du volontariat. Les responsables locaux nous ont fourni la tuyauterie. Seul ce problème est réglé. Nous souffrons du manque d’eau, sinon pour les autres commodités, elles sont inexistantes”, a conclu notre interlocuteur. Avant de quitter Iaâzouzen, un groupe de citoyens nous ont dit : “Ecrivez-le dans votre journal, nous sommes oubliés”. Un dernier intervenant nous a rappelé la situation qu’ils avaient vécue, l’an dernier, quand la neige les avait bloqués dans leur village. “A quand cette piste” ? se demandent-ils, désespérés.
Amar Ouramdane
