La drogue menace les jeunes

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La consommation de la drogue se propage à Béjaïa à un rythme terrifiant dans la société, notamment parmi la frange de la population la plus fragile: la masse juvénile.

La toxicomanie n’est pas seulement une préoccupation majeure de santé publique, mais un véritable fléau social, voire un défi sociétal. «Les statistiques sur la consommation de la drogue ne sont pas exhaustives et ne recouvrent pas la réalité du terrain. Cependant, il suffit de voir les volumes saisis régulièrement par les services de sécurité et des douanes, qui ne sont pourtant que la partie émergée de l’iceberg, pour appréhender l’ampleur de ce phénomène qui progresse dangereusement », souligne un spécialiste en sciences sociales, révélant que les adolescents et les adultes jeunes sont les plus enclins à succomber à cette toxicomanie.

Chômage, désœuvrement, désintégration familiale, marginalisation sociale… Les facteurs anxiogènes, faisant le lit de la consommation de drogue, sont nombreux et variés. «Il y a, à l’origine, des causes stressantes et oppressantes, qui peuvent agir simultanément ou concomitamment, pour fragiliser le sujet. Néanmoins, l’appétence à la drogue traduit toujours un profond déséquilibre affectif », explique un psychiatre de santé publique de wilaya. L’alarme est unanime quant à la banalisation de la drogue.

«Le cannabis se vend à découvert partout sur l’espace public, comme une marchandise ordinaire», s’inquiète un éducateur de la région d’Akbou. Pire : «le péril a même investi les enceintes éducatives de certains collèges et lycées», soutient-il. Le cannabis, les drogues de synthèse, les opiacées et autres psychotropes s’échangent à flux tendu chez les jeunes, qui sont toujours plus nombreux à succomber à la tentation de «goûter» au toxique.

Une appétence compulsive et morbide, qui devient rapidement permanente et durable. L’usage prolongé de ces substances douées d’effets toniques, euphorisants ou analgésiques, entraîne immanquablement un état d’intoxication chronique, préjudiciable autant à l’individu qu’à la société. «Le processus passe par plusieurs étapes : de l’irrésistible perversion du besoin à une soumission totale, en passant par l’accoutumance, qui invite le toxicomane à utiliser des doses de plus en plus fortes», souligne un praticien établi dans la ville de Sidi Aïch.

Le toubib déplore l’insuffisance de centres spécialisés de prise en charge des drogués et l’absence d’un plan d’action volontariste des pouvoirs publics, pour juguler ce mal tentaculaire. La disponibilité de telles structures aurait pu permettre, selon le médecin, la mise en pratique de cures d’intoxication et d’un accompagnement psychothérapique et médicosocial, à même d’aider les drogués à s’extirper du cercle vicieux. Cependant, convient-on, la mère des bataille se situe sur le terrain de la prévention primaire.

«Il faut agir en amont, et ne pas se contenter d’envoyer des jeunes en prison, pour avoir consommé un joint, ou s’astreindre à de longues et hypothétiques séances de prise en charge. En somme, attaquer le mal à la racine en traitant ses causes, est le véritable défi à relever», préconise un professionnel de la santé. Le jeu en vaut assurément la chandelle, insiste-t-il. Les enjeux sanitaires et sociétaux sont immenses !

N Maouche.

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