Le secteur de la santé en souffrance

Partager

Les habitants de la wilaya de Boumerdès éprouvent d’énormes difficultés à se faire soigner au niveau des établissements de santé de la région, suite aux multiples carences qui minent le secteur et qui rendent la vie des patients difficile.

Malgré l’existence de trois hôpitaux (EPH) à Thénia, Bordj Ménaïel et Dellys notamment, une trentaine de polycliniques et une centaine de salles de soins, la couverture sanitaire semble faire défaut. Ces carences ont rendu la santé malade. Se faire soigner relève du parcours de combattant. Pour décrocher un rendez-vous auprès d’un médecin ou pour une radiologie (scanner), le patient doit attendre plusieurs semaines, voire des mois pour être ausculté. Dans certains cas, des malades décèdent avant même d’avoir un rendez-vous, c’est l’exemple des malades chroniques, cardiaques et cancéreux notamment. Au niveau des trois hôpitaux, on déplore l’absence de l’IRM. Les malades sont orientés directement vers le privé où ils déboursent près de 20 000 DA pour cette radio. Les démunis sont durement pénalisés en raison des prix exorbitants de ces radios. À l’EPH de Thénia, le service de radiologie souffre du manque de personnel. Le service est assuré par deux médecins qui montent la permanence à tour de rôle, tout en chapeautant neuf techniciens. «Je me souviens en 2017 quand le scanner était tombé en panne pendant plusieurs semaines avant qu’il ne soit réparé par son fabricant Siemens», dira un infirmier rencontré à l’EPH. Outre cela, le manque de réactifs fait aussi défaut et celui des produits chimiques entrant dans la sécurité du personnel qui exerce dans des conditions difficiles. Toujours à l’EPH de Thénia, les parturientes accouchent, selon le rapport de l’APW, dans de mauvaises conditions. Le manque de lits fait gravement défaut alors que l’hôpital accueille même des parturientes venues d’autres wilayas. Même situation à l’EPH de Bordj Ménaïel, où le service maternité est assuré au niveau d’un ancien édifice qui nécessite des travaux d’aménagement et où les lits font, également, défaut. Les chefs de familles trouvent d’énormes difficultés à décrocher un rendez-vous pour leurs femmes qui s’apprêtent à mettre leurs nouveau-nés. Selon une source, il existe huit gynécologues dans toute la wilaya qui assurent des gardes à tour de rôle au niveau des maternités des trois hôpitaux. De même, la croissance démographique est un autre facteur qui s’ajoute à la pression au niveau de ces structures de santé. L’hôpital de Bordj Ménaïel a été construit pour répondre aux exigences de pas plus de 50 000 habitants. Désormais, l’hôpital reçoit des malades de toutes les régions limitrophes. En plus des structures de santé réalisées à coups de milliards et qui sont toujours fermées, plusieurs autres projets souffrent depuis plusieurs années. C’est l’exemple du projet de 240 lits à Sahel inscrit en 2004 et octroyé en 2011 à une entreprise portugaise avant que celle-ci n’abandonne le projet pour l’offrir une fois encore à l’entreprise italienne Construzionni. Une mise en garde a été, d’ailleurs, émise récemment par la DSP à l’entreprise italienne en vue de résilier le contrat en raison de son absence sur chantier depuis près de six mois. Le projet a consommé plus qu’il en faut et sa réalisation ne sortira pas du bout du tunnel. L’hôpital de 60 lits de Khemis El Khechna connait également des retards considérables dans sa réalisation. Idem pour l’hôpital psychiatrique de 60 lits de Boudouaou qui ne connait toujours pas d’épilogue. Dans les villages, des salles de soins sont fermées depuis des décennies, notamment à Chabet El Ameur où pas moins de cinq centres de soins ne fonctionnent toujours pas au moment où la population locale n’a pas d’endroit pour se soigner, notamment après la fermeture partielle de la polyclinique du chef-lieu. À Iouariachen, la salle de soins est fermée depuis les années 90, alors que celle de Béni Arab à Thénia est quasiment effondrée. Les habitants de la région ont tant espéré l’amélioration de la prise en charge médicale qui tarde à se concrétiser sur le terrain.

Youcef Z.

Partager