Que d’épreuves !

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L’actualité morbide aura ponctué le quotidien des citoyens de Bouira, et l’année 2018 demeurera marquée de tristesse.

Du 1er janvier à fin décembre, les 12 mois de cette année auront au final apporté larmes et consternation auprès des Bouiris en proie à leurs malheurs.

Février sous le signe de la solidarité

Le mois de février a été l’occasion pour la wilaya de Bouira d’accueillir une mission de l’association amitié populaire franco-algérienne (AAPFA). Une mission composée de trois équipes en provenance de Paris, Lyon et Lille avec dix-neuf médecins, toutes spécialités confondues, sept paramédicaux et un sapeur pompier professionnel formateur au niveau du SAMU de Clermont-Ferrand. Au cours de leur séjour d’une semaine, plus de 350 consultations et le lancement de 51 actes chirurgicaux, dont certains ont duré près de huit heures, ont été prodigués au niveau de l’hôpital Mohamed Boudiaf de la ville de Bouira. Plusieurs dizaines de patients nécessiteux ont également pu bénéficier de prothèses orthopédiques gratuitement et certains enfants souffrant d’anomalies au niveau des voies urinaires ont reçu une chirurgie de l’hypospadias. La mammographie de l’EPH de Bouira qui n’avait jamais fonctionné auparavant a été largement utilisée au cours de la présence de cette mission et 189 mammographies ont été effectuées au profit des patientes. Des consultations spécialisées en rhumatologie ont été également accomplies, dont 171 consultations avec des gestes d’infiltration thérapeutique. L’anesthésie tronculaire, jamais pratiquée auparavant, a pu être réalisée grâce à l’apport des médecins de cette mission. En somme, la venue de cette mission a marqué les esprits, d’autant plus qu’après le départ des médecins de l’association amitié populaire franco-algérienne, de nombreux patients espéraient que la dynamique insufflée demeure.

Simulation grandeur nature d’un séisme dévastateur

La wilaya de Bouira a été le théâtre d’une gigantesque simulation de catastrophes naturelles au cours du mois d’avril dernier sur les trois sites d’El Esnam, Bechloul et Sour El Ghozlane. Un exercice intitulé «EU AL SEIMEEX 2018» initié dans le cadre d’un arrangement administratif entre la Direction générale de la Protection civile Algérie et la DG ECHO/Union Européenne. Une démonstration grandeur nature qui s’est déroulée, durant six jours, portant sur le thème d’un séisme dévastateur avec les conséquences néfastes pouvant découler de cette catastrophe, à savoir le risque de rupture du barrage de Tilesdit, des glissements de terrain et autres accidents. Six pays étrangers, à savoir la Tunisie, la France, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Pologne ainsi que l’Algérie ont participé à cette simulation géante en la présence d’experts et observateurs de 26 nationalités différentes. Plus de 1 000 éléments ont été mobilisés pour tester le fonctionnement des différents niveaux de la chaîne de commandement, vérifier la couverture et l’organisation des transmissions, tester la coordination au niveau PCF wilaya, tester l’interopérabilité des cellules de soutien logistique et enfin tester la procédure «Assistance internationale» CENAC-ERCC. Les moyens logistiques déployés étaient colossaux avec d’incessants ballets d’hélicoptères, des équipes cynophiles et autres matériels dernier cri pour le sauvetage de personnes en difficulté.

Un mois d’avril tragique

Le mois d’avril aura été marqué par la disparition de quatre jeunes originaires de la wilaya de Bouira, victimes du crash de l’avion militaire de Boufarik qui s’est écrasé le 11 avril 2018. Le jeune Zettal Billel âgé de 25 ans, sergent de la Gendarmerie nationale de Guelta Zergua, Sour El Ghozlane, l’adjudant Kaouch Ayoub de Bouderbala, 37 ans et père de deux enfants actif au sein de l’ANP, Demouche Mohamed, dit Hakim 25 ans, originaire de Takerboust ainsi que l’héroïque commandant Chihani Lakhdar, originaire de Bordj Okhriss. Un drame qui a ébranlé le pays et plus particulièrement les quatre coins de la wilaya de Bouira d’où sont originaires les jeunes militaires ravis à la fleur de l’âge.

Un été meurtrier

L’année 2018 aura apporté émoi et consternation auprès de la population d’Ahnif, plus précisément dans la localité de Tameziaveth après l’explosion d’un engin meurtrier qui a tué sur le coup un enfant de 13 ans et qui a blessé cinq de ses camarades de jeu. Trois d’entre eux ont dû être amputés et sont toujours sous surveillance médicale quatre mois après les faits. La population de Tameziaveth s’était indignée suite à ce drame et avait exigé des autorités le nettoyage et le déminage de cette région boisée, auparavant infestée par les groupes sanguinaires. Au mois de mai 2018, pendant le Ramadan, c’est un jeune du village Ighil N’Ath Ameur qui a marché accidentellement sur une bombe de fabrication artisanale enfouie sur un sentier qu’il venait d’emprunter de retour d’une virée dans la dense forêt de Taferkout en compagnie de ses amis. La victime a dû se faire amputer d’une partie de sa jambe droite et a pu échapper de justesse à une mort certaine grâce à l’intervention de ses amis qui ont prévenu les secours à temps.

Août et choléra

Alors que les responsables de la wilaya étaient en congé et qu’aucune communication officielle n’était venue mettre un terme aux rumeurs les plus folles qui circulaient, l’été dernier aura été synonyme de spéculations autour de l’épidémie de choléra qui a fait son apparition à Bouira au cours de la première semaine du mois d’août. Trois cas de choléra ont été officiellement confirmés par les analyses bactériologiques de l’Institut Pasteur alors que six personnes avaient été admises aux urgences de l’hôpital d’Ain Bessem pour des gastro-entérites aigües à la même période. D’autant plus qu’après avoir enregistré deux décès suite à des complications, les officiels, absents, n’ont pas jugé bon de communiquer pour rassurer les citoyens. De ce mutisme s’est propagée une panique indescriptible qui a touché de plein fouet le secteur agricole avec le boycott des pastèques et melons suspectés d’être à l’origine de la contamination par le virus du choléra.

Une rentrée scolaire chaotique

Malgré les assurances annuelles des autorités de wilaya, à sa tête la direction de l’éducation de Bouira, pour garantir une rentrée scolaire dans les normes, cette année encore, les quelque 179 747 élèves répartis sur les trois paliers (primaire, moyen et lycée) n’ont pas connu une stabilité criante, du moins dans une bonne partie des établissements. Le premier trimestre écoulé confirme l’instabilité de ce secteur et le dernier rapport du CNAPESTE réitère son appel au wali de Bouira afin qu’il intervienne pour «préserver la dignité violée» dans certains établissements. Un état des lieux lamentable est décrit par ce syndicat, pointant de l’index la sempiternelle gestion approximative du secteur de l’éducation par son actuel directeur. En effet, malgré l’envoi de plusieurs commissions, des conflits perdurent dans certains établissements à l’exemple du lycée Slimane Amirat de Takerboust ou encore à l’école Choudani Ahmed. Récemment encore, des élèves du lycée Krim Belkacem du chef-lieu de wilaya avaient refusé de rejoindre leurs classes à cause de défaillance administrative ayant pénalisé un élève. Un effet boule de neige avait alors entraîné «la solidarité» d’autres lycées de la ville de Bouira qui avaient rejoint ce mouvement de grève. La plupart des parents d’élèves scolarisés se sont rendu compte que les notes du premier trimestre révèlent avec aisance le niveau de scolarité à travers la wilaya de Bouira. Pour rappel, le taux de réussite enregistré à l’examen du baccalauréat 2018 (48,41%) est inférieur à celui de l’année écoulée.

Hafidh Bessaoudi

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