Les expulsions n’ont pas eu lieu

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Le climat était extrêmement tendu hier matin, aux abords de l’ancienne cité coloniale de Chorfa. Les citoyens s’étaient regroupés sur l’artère principale de la localité pour apporter leur soutien aux familles qui devaient être expulsées par les forces de l’ordre. Pour rappel, une décision de justice en date du 13 novembre 2005 signifiait aux 23 familles estées en justice par l’APC de Chorfa qu’elles devaient évacuer les lieux. L’affaire dite du RHP avait, rappelons-le aussi, suscité un mécontentement, après que la liste des bénéficiaires avait été rendue publique. Sur les 113 ménages recensés dans l’ancienne cité coloniale et qui devaient emménager dans les logements construits à cet effet, 23 ont été poursuivis en justice car refusant d’évacuer le site. Selon des personnes se trouvant sur les lieux, hier matin, la liste établie par une commission mixte (APC et daïra) et chargée de recenser les habitants de l’ancienne cité n’a pas été prise en considération pour la répartition des logements. “Comment se fait-il que des logements aient été vendus et d’autres loués par leurs propriétaires, alors que nous, résidents de cette cité depuis 1963, nous n’avons toujours pas bénéficié de logements ? C’est une injustice flagrante !”, s’exclame le fils d’un chahid qui déplore le fait que sa mère, première veuve de chahid de Chorfa, n’a pas bénéficié d’un logement. D’autres citoyens décrient la gestion du dossier par le maire. “Entre la liste de recensement et celle de l’attribution des logements des noms différents sont enregistrés et des personnes étrangères à la localité ont reçu des clés qui nous reviennent de droit. C’est une véritable incurie administrative !”, révèle Yahia qui affirme avoir à sa charge huit personnes et qu’il n’a bénéficié que d’un F3. D’autres exemples viennent confirmer l’ampleur du problème et les réclamations fusent de partout. Fort heureusement, même lorsque les six huissiers de justice sont venus pour appliquer la décision d’expulsion et malgré la présence des éléments de la gendarmerie pour assurer la sécurité, les esprits se sont calmés. Après avoir constaté le refus des familles de quitter les lieux, les hommes de la loi et les gendarmes sont repartis. K. Hamza et d’autres sages du village ont réussi à apaiser les esprits chauffés à blanc.Un appel au calme a été lancé à la foule en même temps qu’une exigence : “Nous demandons à ce qu’une commission d’enquête soit diligentée pour revoir l’opération de distribution de logements… même si le président de l’APC sème la zizanie au sein de la population, il faut qu’il sache que nous sommes des personnes sensées et sages”. D’autres personnes se sont indignées de constater le mépris affiché par les autorités. “Nous avons depuis bientôt 2 ans frappé à toutes les portes et nos doléances sont restées lettres mortes. Il y a un véritable danger sur la vie des 30 familles qui habitent toujours la cité dans des conditions déplorables”, dira Saïd qui conteste la procédure d’évacuation par la force publique tel que mentionné sur le télégramme dont lui aussi a été destinataire. A signaler que dans cette affaire opposant l’APC de Chorfa aux 23 familles, la cour suprême devra rendre son verdict aujourd’hui, après que les contestataires se soient pourvus en cassation.

Hafidh B.

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