Boughezoul, steppe, ville et lac

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La visite guidée sur le site où est prévue la réalisation de la nouvelle ville de Boughezoul, démontre clairement la volonté des pouvoirs publics à mettre sur pied ce projet initié dans les année 70, à l’ère de feu Président Boumediene. Selon Chérif Rahmani, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, qui s’est rendu avant-hier sur le site en compagnie d’une délégation tunisienne de spécialistes dans le domaine, la nouvelle ville de Boughezoul ne relève pas de l’utopie. « Le projet est réalisable », affirme-t-il aux présents. Selon le schéma national d’aménagement du territoire, présenté au ministre à l’occasion de sa visite sur le site, la nouvelle ville sera construite autour d’un lac et sa concrétisation est fixée à l’horizon 2025. Une future ville pour une future génération. Une fois réalisée, cette ville-lac, donnera une bonne bouffée d’oxygène aux grands centres urbains, notamment Alger, actuellement condensée par une surpopulation. Le désengorgement de ces villes est, d’ailleurs, l’objectif assigné à ce genre de réalisation. Jadis on parlait même de Boughezoul comme nouvelle capitale du pays. En se référant au schéma directeur inhérent à ce projet, la nouvelle ville sera construite sur une superficie de 3653 hectares, et prévoit d’abriter pas moins de 150 000 habitants. Dans l’optique d’améliorer le cadre de vie, il a été décidé de mettre le paquet afin de construire cette nouvelle ville sur des bases très modernisée. Des infrastructures administratives, deux tours, un aéroport, une gare ferroviaire à double voie reliant Boumedfaâ à Boughczoul et Boughczoul à Djelfa, sont entre autres les projets d’ores et déjà inscrits dans le plan d’action. Des mégas -projets qui nécessitent non seulement du financement mais aussi du savoir-faire. C’est dans cette optique que l’expertise tunisienne dans le domaine est sollicitée. Une convention entre les deux ministères des deux pays va être signée incessamment, souligne Rahmani. Pour ce qui est du financement, une enveloppe de 29 milliards de DA a été dégagée pour la réalisation de la première tranche du projet. Le premier défit à relever est d’arriver à pérenniser les potentialités de la région en matière de ressources en eaux. Eu égard à la spécificité de la région, pauvre en pluviométrie, le ministre de l’Environnement souligne que l’une des problématiques qu’il faudrait prendre en charge, en premier lieu, est de réfléchir comment alimenter cette nouvelle ville en eau potable. Certains pensent au lac. Mais celui-ci ne peut être pérennisé sans sa revalorisation, estime Rahmani qui insiste sur le fait que « la construction de la nouvelle ville est basée sur l’éternité de l’eau ». Les experts proposent dans ce contexte de booster les potentialités de la région via la revalorisation des eaux souterraines et l’augmentation de la capacité du lac de Boughezoul autour duquel sera construite la nouvelle ville. Dans ce cadre, il est inscrit le projet du transfert de 35 millions m3 des eaux du barrage Koudiat Asserdoune de Bouira vers Boughezoul. Outre ce projet, dont l’appel d’offres sera lancé en 2007, des études d’impacts s’articulant sur la réalisation de trois forages, d’un réservoir et de six stations de pompages et également de l’amenée des eaux de Ain Ouessara vers la nouvelle ville à partir de oued Touil, sont en phase de réalisation, explique un ingénieur représentant l’Agence nationale des barrages. Ces derniers, permettront, ajoute l’ingénieur, la mobilisation de 4 à 6 millions de m3 par an pour couvrir près de 80 000 habitants. Rahmani a promis, dans ce cadre, de financer ces études à hauteur de 20%. Impulser les énergies renouvelables et le reboisement est également recommandé par le ministre qui n’a pas manqué de souligner la nécessité de protéger la steppe, de rationaliser l’exploitation des eaux et le recyclage des déchets solides. Cherif Rahmani insiste également sur la préservation du cachet rural de la région. Pour reprendre ses dires, « il faut que le rural reprenne sa place et que les gens gardent leur vocation ».

Wassila Ould Hamouda

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