Soutenus par leurs collègues titulaires, près de quarante enseignants contractuels de la langue amazighe se sont rassemblés, la semaine passée matin, devant le cabinet du wali. Le sit-in, première manifestation de protestation entamant une batterie d’actions arrêtée par le collectif et prévue pour les jours à venir, a enregistré la présence des archs et celle du CNAPEST.Cet énième rassemblement réitère les sempiternels problèmes qui collent au train de l’enseignant depuis l’introduction de tamazight à l’école. Il est essentiellement question d’intégration, du règlement des salaires, du volume horaire et de formation. Une délégation composée de six enseignants sera reçue par le wali, en présence du directeur de l’éducation. S’agissant du retard dans les paiements, le premier magistrat de la wilaya instruira sur le champ le directeur de l’éducation d’assainir au plus vite la situation et promet de saisir le contrôle financier pour régler une fois pour toute, le problème avant décembre de l’année en cours. Dans le même ordre d’idées, le problème du volume horaire sera soulevé par les enseignants. Là aussi, le wali sera clair, puisqu’il rappellera qu’au-delà des 22 heures pour le moyen et des 18 heures pour le lycée, l’enseignant est rémunéré selon la réglementation que prévoit la loi.La récurrente question du statut de l’enseignant de tamazight a été aussi soulevée lors de cette rencontre. A ce sujet, il faut savoir, et il est regrettable de le rappeler, que jusqu’à aujourd’hui, des enseignants sont classés OP (ouvrier spécialisé). Un statut humiliant et auquel il est urgent de trouver une solution. S’il est vrai que des enseignants non diplômés ont, dans un contexte politique “urgent”, c’est-à-dire une situation exceptionnelle, répondu présent à “tamazight di lakul”, il n’en demeure pas moins que l’Etat peut et doit trouver des mécanismes exceptionnels à même de permettre la promotion des “OP”. Pour ce faire, la tutelle, et dans le cadre justement de la mise à niveau des enseignants, doit songer à leur formation. Le directeur de l’éducation confirmera l’existence d’un décret inhérent à l’intégration des enseignants. Seulement, qui des enseignants sera concerné ? Seulement le licencié ? Il n’est pas évident que l’OP bénéficiera des dispositions du décret en question que du reste les modalités d’application n’ont pas encore suivi. C’est ce retard et les engagements du chef du gouvernement à propos de l’enseignement de tamazight que dénonce justement Djafar Abdedou, venu soutenir les protestataires. Les enseignants apprendront que 81 postes budgétaires sont prévus pour l’année scolaire 2006/2007, ce qui veut dire que l’ensemble des licenciés sortant des départements de langues et autres contractuels seront normalement affectés. Seulement, les protestataires sont sceptiques. “Ces postes budgétaires pourraient être détournés”, craint Moumouh, enseignant dans un collège. “Des licenciés en tamazight n’ont pas été recrutés, alors qu’une jeune fille de 3e année secondaire enseigne tamazight !”, s’insurge Ahmed, un autre enseignant.
T. O. A.
