Cette sortie médiatique a été une occasion pour le secrétaire général du FLN de donner un avant-goût de ce que sera la Constitution selon la version de son parti. Le groupe de travail, installé depuis quelques mois, a donc décidé de rendre publiques ses conclusions. Si le premier responsable du FLN n’a pas voulu donner plus de détails, il a néanmoins laissé échapper les grandes lignes du projet. La nature du régime, la responsabilité de chaque institution et la clarification de certaines dispositions sont, entre outres, les points essentiels contenus dans le document que le Front de libération nationale compte soumettre, en priorité, au président de la République. « Il s’agit d’un ensemble de lois qui portent sur la nature du régime, que nous voulons présidentiel fort, les relations entre les institutions de la République et la fortification des droits de l’Homme et de la démocratie ». Voilà résumé le projet de Abdelaziz Belkhadem qui « espère voir le texte amendé par référendum avant les élections législatives prochaines ». Le secrétaire général du FLN vient-il de faire un aveu ou un simple vœu ? Rien ne semble clair, même si la valse de chantiers lancés par son parti laisse supposer une volonté de s’imposer sur l’échiquier politique et d’apparaître comme une force de proposition capable d’apporter du nouveau dans la sphère institutionnelle. Côté détails, Belkhadem a laissé la porte ouverte pour le moment. D’abord sur la nature du régime puisque le conférencier, quoique se disant partisan d’un régime présidentiel, n’a fait qu’exprimer des questionnements. Le FLN semble trancher définitivement en faveur d’un régime présidentiel à l’américaine. Le président, élu au suffrage universel, choisit son vice-président avant le scrutin. Autrement dit, même le vice-président, qui sera chargé uniquement de coordonner l’activité des ministres, est lui aussi élu. L’autre cas de figure que choisit le FLN est celui de la désignation du vice-président, mais avec des prérogatives fixées par le chef de l’Etat. Et en dernier lieu, et dans le cas où les deux choix ne sont pas avalisés par le président, le parti de Belkhadem veut opter pour un Premier ministre, qui aura des prérogatives très limitées autour, essentiellement, de la coordination de l’activité gouvernementale. Voulant certainement se prémunir contre les critiques de l’opinion publique, Belkhadem a tenté d’expliquer que l’idée de la révision constitutionnelle n’est pas seulement motivée par l’article 74 de l’actuelle Constitution qui porte sur la limitation du nombre de mandats. Plus qu’un soutien franc à Bouteflika, le chef du FLN a expliqué que le nombre de mandats relève de « la volonté populaire ». Il serait antidémocratique, à ses yeux, d’empêcher un président de se représenter une troisième fois si « le peuple le désire ». Sur le plan parlementaire, le document du FLN n’entend pas supprimer la Chambre haute, le Sénat, mais veut limiter ses prérogatives et définir le rôle de chacune des deux chambres. Il dit trouver anormal que le Sénat, constitué d’une majorité, puisse bloquer une loi bloquée par une autre majorité à l’APN. Dans le même registre, Abdelaziz Belkhadem a avancé aussi que « la fonction de contrôle sera constitutionnalisée ».
Ali Boukhlef