« Egypte, Trésors enfouis » : cette exposition qui s’ouvre samedi à Berlin avant de rejoindre Paris, fait rejaillir des fonds marins les merveilles artistiques de trois anciennes cités immergées de l’Egypte antique.
Quelque 500 objets, une infime partie des vestiges découverts lors de fouilles archéologiques sous-marines menées depuis 1996 par le Français Franck Goddio et son équipe dans le Golfe d’Aboukir et le port d’Alexandrie, sont présentés pour la première fois au public hors d’Egypte.
La plus grande statue du dieu du Nil et de la fertilité, Hâpi, jamais trouvée en Egypte, vieille d’environ 2300 ans, rivalise avec les sculptures colossales en granit rose, complètes mais brisées, d’un roi et d’une reine de plus de cinq mètres.
Autres témoins de la richesse de cette civilisation marquée par le mélange des cultures: une tête du dieu guérisseur et des morts, Sérapis, des bustes d’Isis et de son fils Harpocrate, des bijoux, des pièces d’or et des céramiques parfois intactes, un sphinx de Nectanebos II et le calendrier astrologique le plus vieux d’Egypte.
Un exploit archéologique « qui équivaut à la découverte de Pompéi », estime Gereon Sievernich, le directeur du musée Martin Gropius Bau, où l’exposition a été inaugurée jeudi dernier en présence du président égyptien Hosni Moubarak.
Il a fallu des milliers d’heures de plongée pour pouvoir faire la lumière sur les anciennes cités d’Alexandrie, d’Héracleion et de Canope, qui ont sombré peu à peu dans la Méditerranée en raison de phénomènes sismiques, de crues du Nil ou de grandes marées.
« On a fait des prospections électroniques aussi bien sur le site du Portus Magnus d’Alexandrie qu’en baie d’Aboukir », a expliqué Franck Goddio, président-fondateur de l’Institut européen d’Archéologie sous-marine (IEASM).
Utilisant des techniques de géo-physiques sophistiquées, dont un magnétomètre à résonance magnétique nucléaire développé par le Commissariat français à l’énergie atomique (CEA), l’équipe de Franck Goddio, 58 ans, a réussi à donner « une réalité topographique et même physique » à ces villes englouties restées jusqu’à présent légendaires.
On sait désormais que « le port antique d’Alexandrie s’étend sur 600 hectares, que la ville d’Héracleion, découverte à 7 km en mer, s’étend sur plus d’un kilomètre carré et que la partie orientale de Canope, retrouvée sous l’eau, s’étend sur 500 mètres carrés », selon M. Goddio.
Un autre mystère a été percé: Héracleion (en grec) et Thonis (en égyptien) ne font qu’une même et seule ville.
C’est ce que révèlent les inscriptions bilingues en hiéroglyphes et en grec d’une stèle jumelle en granit noir de 18 tonnes et de plus de 6 mètres de hauteur, retrouvée intacte sur le site d’Héracleion.
