Si l’on dit souvent que c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, pour les colocataires acquéreurs des logements AADL de Bouira, ce sont les inondations et les infiltrations inopportunes qui ont engendré la colère de certains d’entre, eux. En effet, le désenchantement a vite laissé place à l’euphorie des premiers jours. Depuis près de quinze jours que quelques locataires sont entrés en possession des clés de leurs appartements, “c’est la Berezina !” s’exclament-ils.Pour tenter de comprendre le mécontentement des “heureux bénéficiaires”, nous nous sommes rendus sur le site. Des bâtiments flambant neufs, de superbes façades, un site agréable en somme. Devant l’un des immeubles, une femme de ménage balayait, un jeune lui s’employait à arroser les parterres d’arbustes. Le gérant du site AADL, lui, était occupé à recevoir les doléances d’un citoyen qui voulait apporter quelques transformations à son logement. C’est en compagnie de ces derniers que nous avons visité son appartement sis dans la tour de huit étages communément appelée bloc F. De prime abord, l’ascenseur ne fonctionnait pas. Le gérant du site nous fera part de cette déficience en nous expliquant : “Voyez par vous-même. Les traces de gravats jonchent le sol des cages d’escaliers, si l’ascenseur était opérationnel, les locataires l’utiliseraient pour monter et descendre le sable, le ciment et autres matériaux de construction”. Interrogé sur le pourquoi de ces travaux, le gérant révélera que les appartements sont neufs mais que les propriétaires veulent les réaménager à leurs goûts. Arrivé au septième étage, le bénéficiaire du logement ouvrira la porte et nous laissa entrer. Un superbe F3 de soixante mètres carrés s’offrait à nos yeux. “Vous pouvez constater l’exiguïté des lieux… Les chambres s’apparentent plus à des niches pour chiens ! Tenez prenez cette chambre dite à coucher, je vous mets au défi de mettre un lit à l’intérieur, sauf si vous le mettez en diagonale dans la pièce, d’un côté une porte fenêtre, en face l’entrée. Il n’y a aucun placard mural pour les rangements et il n’y a pas de place pour en entreposer un. Jetez un œil sur les sanitaires. regardez par vous-mêmes, des personnes fortes ne peuvent y accéder. C’est trop étroit ! La dalle de sol est d’une couleur fade qui jure avec le noir des plinthes. Ça agresse l’œil. Ce ne sont pas des logements sociaux, nous les avons payés… “Voilà pourquoi nous avons attendu du FFS longues années pour bénéficier d’une connerie manifeste. Ainsi, selon notre interlocuteur, c’est une arnaque qui ne dit pas son nom et c’est une discrimination qui touche uniquement la wilaya de Bouira : “Mon frère a bénéficié d’un logement de même type à Alger et aucune modification n’y a été apportée. Les logements sont corrects, rien à redire mais ce n’est visiblement pas le cas à Bouira”. Pour le gérant du site AADL, “tous les moyens sont mis en œuvre pour parer aux réclamations des locataires. Nous avons en permanence une quinzaine d’ouvriers spécialisés qui interviennent pour réparer les problèmes de plomberie, d’électricité et de maçonnerie…”. Interrogé sur les inondations qui ont eu lieu dans certains appartements, le gérant dira que ce sont les locataires qui sont à l’origine de ces incidents : “Sur une quinzaine de locataires par immeuble, seuls cinq à six personnes ont déjà emménagé, les autres sont venus pour visiter les lieux et sont repartis, mais ils ont oublié de fermer les robinets, de ce fait des débordements d’eau ont eu lieu et les habitations d’en dessous ont subi des dégâts… Ce n’est pas la faute de l’AADL si les gens sont inconscients…” Pour anecdote, selon des témoignages concordants, un co-locataire acquéreur ayant bénéficié du logement prototype que M. Le ministre de l’Habitat avait inspecté lors d’une visite de travail sur le site, s’est vu projeté à trois mètres de l’interrupteur électrique alors qu’il voulait allumer la lumière. Une décharge électrique l’avait envoyé au tapis à cause d’un court-circuit dû aux cloisons humides à cause d’un débordement d’eau à l’étage supérieur. Celui qui avait été qualifié de plus chanceux par ses voisins du fait d’avoir bénéficié d’un logement prototype a vite déchanté. Et les réclamations vont bon train sur l’ensemble du site AADL. Des logements neufs mais néanmoins à réaménager selon les goûts des bénéficiaires. De ces aménagements l’AADL, n’en à cure et demeure stricte : “Tout aménagement est interdit sans autorisation de l’agence”. De leur côté, les colocataires et acquéreurs se disent contrariés d’emménager dans des appartements qui sont, selon leurs dires, “Inhabitables”.
Hafidh B.
