Comme à l’accoutumée et à pareille période de l’année, les automobilistes doivent s’acquitter de la fameuse vignette automobile, et ils ne leur reste plus que deux jours pour le faire. Une vignette instaurée depuis plus d’une décennie maintenant et qui, à l’origine, devait servir à la réfection des routes, mais apparemment la formule ne semble pas avoir fait recette. En effet, selon les propos du ministre des Travaux publics, M Amar Ghoul qui s’exprimait en marge d’une journée d’étude sur la gestion et l’exploitation du réseau routier en date du 13 février, ce dernier a déclaré que la seule réhabilitation des routes coûtera à l’Etat la bagatelle de 380 milliards de dinars. Ce qui laisse entendre que l’entretien des routes a été longuement négligé par les pouvoirs publics. Sinon comment expliquer l’état de dégradation avancée dans lequel se trouve le réseau routier algérien. Même si il est vrai que les travaux d’aménagement de l’AEP, du réseau d’assainissement et du gaz de ville sont en majeure partie responsables des nids-de-poule que l’on rencontre ici et là à travers les différentes agglomérations, il n’en est pas de même pour les routes nationales et les chemins de wilaya qui, eux, sont visiblement atteints d’une carence aiguë en asphalte.L’absence de caniveaux sur les accotements de la chaussée demeure en grande partie la cause principale des malformations que l’on trouve sur les axes routiers. Pourtant, en se basant sur les plus de trois millions de véhicules composant le parc automobile algérien, les propriétaires de véhicule s’interrogent, à juste titre d’ailleurs, sur la destination de l’argent des vignettes automobiles amassé depuis la mise en vigueur de cette taxe. “Il faut que les choses soient claires, nous nous acquittons chaque année de cette charge supplémentaire qu’est la vignette automobile mais nous ne savons toujours pas où va notre argent… Une chose est sûre, c’est que le réseau routier est de plus en plus dégradé et que chaque année qui s’écoule laisse des traces sur le bitume”, révèle un chauffeur de taxi collectif interwilaya qui affirme que l’ensemble des routes qu’il sillonne régulièrement à travers le territoire national sont pratiquement dans le même état, c’est-à-dire “lamentable” pour reprendre son expression. Il faut savoir que près de 140 000 nouvelles immatriculations sont enregistrées chaque année, et la vignette automobile semble avoir encore de beaux jours devant elle, surtout que pour les véhicules neufs la taxe est beaucoup plus élevée. “Cinq mille dinars c’est la somme dont je m’acquitte pour pouvoir rouler avec ma voiture… cette vignette s’apparente plus à un racket administratif plutôt qu’à une redevance censée servir à la réfection des routes” s’insurge le propriétaire d’un véhicule haut de gamme issu de la marque au losange. Pour ce dernier, il est inconcevable de continuer à payer une somme aussi élevée alors que l’état des routes est de plus en plus dégradé. Auprès de la recette des contributions diverses, on nous a avoué que l’argent des vignettes automobiles est directement réinjecté dans la réhabilitation des routes, sans autres formes d’explication.En attendant que les propriétaires de véhicules puissent bénéficier d’une route digne de ce nom, d’autres engins roulant continuent de circuler sur la chaussée, mais sans être soumis au paiement de la vignette. C’est la cas des tracteurs agricoles, mais également des mobylettes et autres tricycles.
Hafidh B.
