Une plage dégueulasse

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A moins de deux mois de l’ouverture de la saison estivale, celle-ci est apparemment compromise. Le spectre de l’année 2004, où la plage est restée lamentablement sale durant tout l’été, malgré un semblant de nettoyage fait par une entreprise privée qui n’avait en fait pris que l’argent du contribuable tout en laissant derrière elle des sacs poubelles noirs remplis d’immondices, éventrés sur la plage, hante encore les esprits. Comme la saison estivale passée, les trottoirs poussiéreux vont encore rendre l’air irrespirable cette année. Plus que la saison passée, cette année, cette plage où affluent chaque jour des dizaines de milliers de vacanciers est sale et polluée au point où certains parlent même de la probable fermeture de cette plage si elle reste en l’état. La rigueur de l’hiver passé, associée à la furie d’une mer déchaînée, a eu raison des collecteurs d’égouts qui serpentaient le littoral. C’est ainsi que sur toute la longueur de la plage, trois mois après la dernière tempête, les eaux usées coulent toujours à ciel ouvert en plusieurs endroits, en formant à même le sable de petits ruisseaux qui se déversent dans la grande bleue. Aux abords des quatre stations de pompage qui ne fonctionnent plus, des lacs aux odeurs pestilentielles se sont formés faisant le nid de millier de moustiques. Du côté de la plage Tassift à la sortie est de la ville, c’est encore une station d’épuration à l’arrêt depuis des lustres qui déverse les eaux de deux quartiers (Tassisft et Lemaâden) vers la mer qui n’est qu’à quelques mètres en contre-bas. C’est d’ailleurs à cause de cette pollution que la plage est toujours interdite à la baignade, et ce, depuis plus de quinze ans. Au total, ce sont près de 1000 foyers qui déversent en continu des centaines de mètres cubes d’eaux usées par jour dans la mer, en saison creuse, chiffre qu’il faut multiplier par cinq en saison pleine. Nous ne parlerons pas de tous ces rejets que les oueds Soummam et Djemaâ ont charrié pendant les crues de cet hiver. Avec cette expérience du travail fait sans aucune étude sérieuse, il est des leçons qu’il faut savoir retenir. Il est utile d’arrêter de faire dans le provisoire et le rafistolage.Le problème d’assainissement dans cette ville est certes des plus complexes vu le relief du terrain et l’agglomération de la ville. Faut-il rappeler que par quatre fois, les collecteurs d’égouts de la ville ont été refaits toujours en longeant la côte et par quatre fois la mer a eu raison d’eux en les arrachant comme pour nous envoyer un signe fort “ne me polluez pas”. Il faudra peut-être repenser le passage du collecteur principal d’eaux usées qu’il va falloir poser à l’intérieur même de l’agglomération avant que les travaux d’élargissement de la route nationale ne commencent, mais encore faudrait-il pour cela qu’une enveloppe conséquente soit dégagée par les pouvoir publics. Espèrons tout de même que l’ouverture de la saison estivale se fera sans gros problèmes (ce qui n’est pas facile) et que la hantise de l’été 2003 qui a vu l’apparition de la conjonctivite toucher tout le monde sans distinciton aucune ne sera qu’un lointain cauchemar. Tout de même, une petite satisfaction, elle viendra de cette organisation d’outre mer “Surfrider fondation Europe”, qui lors d’un volontariat sur la plage, a réussi par son travail à sensibiliser les jeunes sur cet espace vital que nous partageons tous.

A.M.

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