Un panphlet contre l’hypocrisie intellectuelle

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l Palpitant, l’essai pamphlétaire de Paul Nizan, écrit en 1932, l’est à plus d’un titre. Autant, il nous apprend quelque peu sur l’audace des intellectuels et sur les grands débats qui animaient la vie intellectuelle de l’entre-deux guerres, autant il nous incite à faire le parallèle avec notre époque et ses intellectuels attaché-case. Boutroux, Lalande, Gabriel Marcel, Jacques Maritain, Léon Brunschvicg et Henri Bergson, tous, penseurs français influents qui incarnaient un certain idéal philosophique qui fait l’impasse sur le réel quotidien de l’homme en particulier et des vrais problèmes des masses populaires, ont en pris pour leurs grades. Paul Nizan (1905 – 1940), en jeune philosophe communiste, enthousiasmé par le souffle révolutionnaire bolchevique, va s’attaquer avec toute l’ardeur de sa jeunesse et sans mettre de gants à ces philosophes dont certains ont même été mobilisés et considérés par tous comme les “vrais” gardiens du temple. Pour l’auteur, ces philosophes ne font, en fait, que conforter les valeurs morales véhiculées par la bourgeoisie. L’individu aux prises avec son quotidien misérable, dévalorisé, déshumanisé par le chômage, la maladie, l’exploitation, les guerres… n’a pas de place dans les projets philosophiques de ces penseurs, vus par lui que comme des “chiens de garde”. En s’appuyant sur la théorie marxiste de la lutte des classes, Nizan dénonce l’idéal philosophique de ces philosophes qui sont, d’après lui, au service de la bourgeoisie. La philosophie, pour Nizan, doit être au service du prolétariat, aussi fait-il appel aux générations naissantes de philosophes de combattre ces “chiens de garde”, aussi bien que la classe sociale dont ils perpétuent les valeurs. Livre d’un intellectuel entier, Les chiens de garde est un livre à lire absolument.

Boualem B.

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