Il y a cinq ans, la marche historique du 14 juin

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Pourtant, la décision de marcher sur la capitale était partie d’un principe trop simple : remettre au président de la République un document “compact” (mais très symbolique) exigeant l’arrêt immédiat des tueries qui ont ciblé les jeunes émeutiers de Kabylie, et porter les revendications les plus profondes (et les plus urgentes aussi) d’une région en pleine rébellion. De fait, des centaines de milliers de Kabyles entreprennent d’envahir la capitale avec un naïf sentiment de bien faire. Certains marcheurs, l’on se souvient encore, avaient décidé de rallier Alger à pied depuis les faubourgs les plus éloignés de la Kabylie. Trois jours auparavant, le sacro-saint document des archs était fin prêt.Avant d’en arriver là, les délégués du Mouvement citoyen fraîchement mandatés par les citoyens, se sont adonnés à de longues heures de palabres et de concertations pour accoucher le 18 mai 2001 de la première plate-forme de revendication entérinée au sortir du conclave d’Illoula. Un conclave qui retiendra également le principe de la première marche populaire à Tizi Ouzou, laquelle a eu lieu en date du 21 mai et qui a drainé près de 100 000 marcheurs. Quelques jours plus tard, à Azazga une autre réunion des archs s’est consacrée aux ajustements nécessaires à la première plate-forme. La CADC finira par peaufiner sa propre version des revendications, presque au même moment que la CICB. En date du 7 juin 2001, l’interwilayas a tenté d’adopter sa première plate-forme globale. Une entreprise qui n’a pas fait long chemin suite aux farouches réserves émises par la CADC qui a spécialement mis en cause deux points bien précis du document global. La plate-forme d’El Kseur sera finalement adoptée le 11 juin 2001 à El Kseur. C’est cette même rencontre qui a accouché du principe d’une marche populaire vers la capitale pour le 14 juin. Une marche que les Algériens ne risquent pas d’oublier tant ses répercussions sur la suite des évènements étaient déterminantes. Ce jour-là, la bêtise humaine a causé le décès de six personnes (dont deux journalistes), les policiers ont maté la manifestation, les archs n’ont pas vu Bouteflika et la plate-forme d’El Kseur n’a jamais été satisfaite.

Ahmed Benabi

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