A partir du 30 juin prochain, les malades admis en milieux hospitaliers ne seront plus autorisés à prendre avec eux ni repas ni literie, en vertu d’une circulaire ministérielle promulguée dans le cadre de la réforme hospitalière. Cette nouveauté implique ainsi les hôpitaux dans la prise en charge totale des services liés à la restauration et à l’hôtellerie en faveur des malades hospitalisés pour mieux gérer les aspects d’hygiène et limiter les sources d’infections nosocomiales. C’est dans le but de cerner les mécanismes et moyens de mise en application de cette circulaire que le centre hospitalo-universitaire Nedir de Tizi Ouzou a tenu, hier, le premier séminaire national sur la restauration et l’hôtellerie hospitalière. Les conférenciers venus des différents hôpitaux du pays ainsi que des opérateurs privés dans le secteur de l’hôtellerie ont insisté sur l’intérêt que revêt la formation du personnel affecté à ce nouveau service que les hospices sont appelés, désormais, à gérer. Ainsi, certains s’accordent à dire que la formation du personnel intervenant dans la chaîne alimentaire des hôpitaux est impérative, en ce sens que ce service requiert une attention particulière pour l’hygiène au même titre que l’adaptation des intervenants aux tenues réglementaires. Les risques alimentaires en ces milieux deviennent, selon le directeur général du CHU, le Dr Mansouri, très vifs si toutefois des mesures d’hygiène drastiques ne sont pas prises au sérieux. Il s’agit notamment, selon le conférencier, des risques de contamination virale, parasitaires ou d’origine chimique. Cette dernière est favorisée par l’utilisation des colorants, édulcorants… etc. «le ravitaillement, la conservation, la préparation et la distribution constituent un circuit complexe qu’il faut très bien maîtriser», recommande le directeur du CHU.Quant au patron de l’établissement d’hôtellerie, «Jardin Secret», M. Farid Aït Bachir, il dira «le réchauffement des repas est à éviter au maximum car cela peut générer des risques majeurs de contamination».Selon une analyse faite en mars dernier par les services internes du CHU de Tizi Ouzou, concernant la réception et stockage des repas dans les services d’hospitalisation de cet établissement, il a été constaté que beaucoup reste à faire dans le circuit de l’hôtellerie et de la restauration qui a été mis en place par la direction de l’hôpital bien avant l’entrée en vigueur de la circulaire ministérielle. Cet audit d’évaluation des procédures du circuit alimentaire dans les services de soins présenté par les médecins du service épidémiologique du CHU, a révélé qu’aucune tenue spécifique n’est réservée au personnel affecté à la distribution des repas, mais aussi l’absence d’organisation lors de la manipulation des aliments. Quant au service des repas, indiquent encore les conférenciers, les besoins exprimés par les patients ne sont pas pris en charge dans les 2/3 des cas. «En effet, précise les conférenciers, seulement 33,3% des services audités disposent d’un personnel affecté exclusivement au service des repas, par conséquent, la qualité de ce service n’est organisée que dans 28,6% des cas». Questionné en marge des travaux, le directeur général a révélé la mise en œuvre des dispositions fermes dans l’organisation de ce circuit, non sans reconnaître les difficultés rencontrées dans son application en raison des comportements individuels des intervenants qui devront être modifiés pour pouvoir être adaptés à ce nouveau système. «C’est la raison pour laquelle nous insistons tous sur l’impérative mise en place des sessions de formations spécialisées pour le personnel intervenant dans le circuit de l’hôtellerie et la restauration hospitalière», dira-t-il encore. Le Dr Mansouri a écarté, par ailleurs, toute éventualité de sous-traiter avec les professionnels privés de la restauration, d’ici à six ans, vu «l’impossibilité de contrôler d’une manière sûre et efficace les procédés utilisés par ceux-ci dans la préparation des repas».
M.A.T.