“Llasel Ittaba Llasel”

Partager

L’autre livre publié pour le Hauts Commissariat à l’amazighité (HCA) en collaboration avec les éditions du ministère de la Culture et un recueil de poésie co-signé par deux auteurs qui ont déjà à leurs actifs un bon nombre d’initiatives en matière de pratique de la poésie.Il s’agit de Hacid Sadi et de Ferhuh Khaled. Ferhuh Khaled n’est pas à sa première publication, tandis que Hacid Sadi a excellé à plusieurs reprises à l’occasion du festival de poésie initié par les associations culturelles locales.Dans ce recueil, qui comporte donc deux parties de deux cultures différentes, c’est le genre de poésie “Taqcit” qui est mis à l’honneur. “Taqcit” littéralement, conte est décrit comme étant un long poème fait d’un nombre indéterminé de strophes qui relate soit les faits guerriers, dans la poésie dite de combat, soit l’épopée pour un événement important ou décrire carrément le principal acteur de cet événement.Or, il arrive que le genre “Taqcit”, la “Qacida” en arabe, touche à des événements relevant de la mythologies du conte, ou du panégyrique (parlé ou écrit à la louange de 99e) “Lasel Itabaâ Lasel”, littéralement “la racine suit la racine”, est à classer sans hésitation aucune dans la classe conte mis en poème. Le style de l’écriture correspond aux règles de la versification usuelle.La première partie du long récit est intitulée “L’mut D lewsaya n’wemghar” qui veux dire : “La mort et le conseil du vieux”, qui rappelle si bien la fable “Le laboureur est ses enfants”. A la seule différence qu’avec la fable de Jean de la Fontaine et sa traduction le conseil, ou plus précisément le testament du vieux a été transmis aux héritiers en moins de temps qu’il ne faut, en langage poétique pas plus de 20 vers.Ici dans ce “conte versifié” signé Hacid Sadi, la transmission du message s’est faite sur une longueur de 20 strophes d’inégales importances, ce qui représente 150 vers exactement. La deuxième partie du conte, continue avec un autre sous-titre “Timizar Tecca Tealit”, presque intraduisible en français.Le procédé de versification est identique au premier chapitre, avec plus de strophes et par conséquent de vers. Pas moins de 30 strophes ont été comptées, ce qui correspond à environ 260 vers…La troisième partie du récit est “Aqcid yughal d’amedyaz”, à traduire par “l’enfant est devenu poète”. Comment concevoir une autre issue, devant tant d’épreuves traversées, suite à la mort du père et son lourd héritage.Dans le parler quotidien kabyle, nous disons pour faire allusion à ce genre de situations, qui sont loin d’être racismes “d l mehna ig sefrayen”, “c’est l’endurance qui fait poétiser”. Dans une de ses chansons la non moins célèbre et princesse du lyrisme, la défunte H’nifa de sa voix d’or aidant disait : Macci O lughna it ghenighDayen Iaadane felli”(Je ne chante pas, mais crie (à qui veut l’entendre, ce qui n’a pas été forcément le cas) mes endurances.S’ajouterait à celle-ci avant de continuer la lecture du méga-conte de Hacid Sadi dans le mot écrit il y a cri…)“Azar yettaba tara-s”, est le 4e et dernier chapitre du conte. Dans l’impossibilité de synthétiser ce nombre impressionnant de vers d’une qualité incontestée, je vous l’assure, nous invitons les lecteurs à s’imprégner davantage de la poétique de l’auteur par cet extrait, tiré de TazwartAmedyas d gmas YufaSizedgen tiraS bedden tagamat susefruyao wa di tikti yesaaIghgil S ighil innerna…La prochaine note de lecture sera consacrée à la deuxième partie du recueil “Tafunast Igujilen”, (la vache des orphelins), un conte populaire, écrit par plusieurs générations d’écrivains, et mis en vers par Ferhuh Khaled, le co-auteur.

M. Ouanèche

Partager