L’UGTA, union de wilaya de Tizi Ouzou, qualifie la situation sociale des travailleurs et de leurs familles de précaire, encouragée par le chaos socio-économique sans précédent. Longtemps postée en spectateur, l’UGTA s’en prend à l’Etat algérien qui «continue à se désengager avec autant de désinvolture des secteurs entiers de l’économie que rien ne peut justifier». Pour les syndicalistes, cette position de l’Etat intervient «au moment où le pays engrange des recettes faramineuses». Après avoir soutenu le choix des réformes économiques menées par le gouvernement, en application du programme du président de la République, les représentants de la Centrale syndicale signalent que «personne ne peut tolérer cette volonté de plonger dans un marasme économique des entreprises publiques pour les simples objectifs des décideurs qui ont adopté en mode de gestion l’asphyxie des entreprises». Le constat que dresse l’UGTA paraît, dès lors, des plus alarmistes dans la mesure où toutes les démarches de réformes du monde du travail et de la restructuration économique sont synonymes de «l’effritement des forces sociales».Dans une déclaration fleuve, rendue publique hier, la commission exécutive de la wilaya de Tizi Ouzou, qui s’est réunie en session ordinaire, dit qu’elle «ne peut se laisser faire, sans dénoncer, assister à la disparition de milliers de postes de travail et à l’humiliation du peuple algérien en l’asservissant quotidiennement(…) quand des bataillons de travailleurs sont au chômage». Abordant la montée du chômage, l’UGTA tire, enfin, la sonnette d’alarme pour avertir contre les risques du soulèvement de la masse juvénile qu’«on ne peut leurrer plus encore sans prendre le risque de la voir inévitablement donner cours à l’expression de son désespoir par tous les moyens». Cette sortie des syndicalistes à la faveur des préoccupations de la jeunesse livrée aux méandres du chômage, devra comporter les hauts risques que puisse générer une telle situation qui vire inévitablement vers l’accroissement des fléaux sociaux et l’extension des réseaux de banditisme. Deux phénomènes qui n’incitent pas, forcément, les jeunes à la révolte en ce sens que les soulèvements précédents ont beaucoup plus profité aux politiques qu’aux créateurs de richesses et de l’emploi. Les rédacteurs du document croient également que «les solutions, pourtant draconiennes, imposées aux entreprises dans le cadre de leur restructuration et leur mise à niveau, y compris le recours au partenariat et à la privatisation, qui se voient aujourd’hui biaisées et dévoyées par des manœuvres criminelles consistant en l’entretien du marasme, l’asphyxie par le manque d’approvisionnements et la destruction, le tout menant droit au bradage, corollaire d’une faillite et d’une dissolution programmée». Comme ils relèvent «l’absence de partenaire, crédible au dialogue pour éviter les conflits ou les dénoncer quand ils n’ont pu être évités, aggrave chaque fois la situation et crée des pourrissements savamment entretenus au seul but de dénigrer l’action syndicale, diaboliser le travailleur et le désigner enfin à la vindicte populaire». L’UGTA met en exergue les problèmes des enseignants ou ceux des agents communaux pour illustrer l’état quasi chaotique des conditions de vie sociale des travailleurs.«Les cadres syndicaux prennent acte des mesures coercitives prises à l’encontre des travailleurs grévistes qui se manifestent par des intimidations et des sanctions telles que des retenues automatiques sur les salaires». L’élaboration du pacte économique et social ainsi que le code du travail ont fait également l’objet de débats au sein de la commission exécutive de l’UGTA de Tizi Ouzou qui rappelle, à cet effet, que ces deux questions sont abordées «dans une atmosphère de défiance envers les gouvernements». Enfin, l’instance exécutive de l’union de wilaya se dit être «consciente du danger qui guette le monde du travail par l’effritement des forces sociales», les cadres syndicaux «adoptent le principe d’exprimer leurs inquiétudes en tout lieu et à tout instant et décident de suivre attentivement la situation et d’agir en conséquence au moment jugé opportun».
M.A.T.
