De cœur et de ciel

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De notre envoyé spécial Slimane Laouari

En découvrant jeudi dernier les camps de réfugiés sahraouis où elle a été accueillie par son homologue de la RASD, Mme Clarice Zuma, ministre des Affaires étrangères d’Afrique du Sud, mais aussi femme de cœur, a retrouvé à la fois la noblesse de l’action utile et les sensations d’un passé pas très lointain. Adolescente, elle scrutait déjà une perspective personnelle qui lui permettra, en plein dans l’enfer apartheid d’atténuer la douleur des soins ou mieux encore servir à entamer le bonheur dans la liberté retrouvée. Pour ce faire, elle a pensé à la médecine acquise dans l’exil presque naturel de la militante qu’elle était déjà. Dans le camp de Smara où elle a été reçue dans la chaleur du ciel et des cœurs, elle a ainsi dit sa conviction que le long et pénible cambat sahraoui n’a pas d’autre issue que celui de la victoire. Même si elle l’a suggéré, l’humilité l’a retenue à s’étaler sur le fait qu’en matière de persévérance et de martyr, elle savait, elle la Sud Africaine de l’ANC de quoi elle parlait. C’est Abdelkader Taleb Omar, premier ministre, qui le dira, dans la foulée d’une émouvante évocation de feu Oliver Tambo qui a eu à visiter les camps et de cette reconnaissance de la RASD par l’Afrique du Sud si importante pour les Sahraouis au vu du contexte et du poids du pays de Nelson Mandela sur la scène internationale.Dans l’épaisseur de ce pays, il y a bien sûr la force du symbole, mais surtout ses capacités à influer au sein de l’Union africaine, partie à part entière dans le dispositif institutionnel international chargé du conflit. Et parce que c’est surtout dans ce dispositif que l’Afrique du Sud compte apporter sa contribution, Mme Zuma a tenu à rappeler la nature du conflit qui est un problème de décolonisation, les béligérants, le Maroc et le Polisario et la forme de son règlement, l’autodétermination. Pour la nature du conflit, Mme Zuma a eu à renforcer concrètement sa conviction en découvrant les stigmates humains et matériels de la guerre. Pour les parties en conflit, elles sont et la forme de règlement elles sont nettement définies dans les textes de l’ONU. Les responsables sahraouis le disent à chaque fois, alors que la ministre Sud Africaine à eu cette allusion lourde de sens : “Ma visite ici n’a rien à voir avec celle éventuelle du président algérien au Maroc”. L’Algérie, Mme Zuma en parlera avec énormément de considération pour ce qu’elle a fait et pour l’Afrique du Sud et pour le Polisario. Quant au Maroc, elle dira qu’elle n’a rien contre ce pays avec qui elle compte discuter parallèlement à son action au sein des institutions internationales autour de la question Sahraouie. Meme Zuma a rappelé que Si l’Afrique du Sud n’a pas reconnu la RASD immédiatement après la victoire sur l’apartheid, c’était pour donner une autre chance à la paix déjà bien enclenchée en 1999.Mais elle a tenu à dire aussi que son pays a fait ce geste après avoir constaté la mauvaise volonté marocaine qui a renoncé à l’ensemble de ses engagements devant la communauté internationale, engagements qui expliquent en partie ce retard tout relatif.Mme Zuma n’est pas venue dans les camps sahraouis uniquement pour les objectifs politiques que l’on sait. Elle a évoqué avec les responsables sahraouis les possibilités et les formes de l’aide humanitaire que son pays est disposé à apporter aux Sahraouis.Elle a aussi dit sa frustration de ne pas avoir assez discuté avec les femmes et parlé d’une question interne à l’Afrique du Sud suscitée par la question d’un confrère, la réconciliation “devant l’immensité des chantiers et des drames que nous avions à affronter, il y avait un choix à faire. Chasser des hommes et les punir ou pardonner. Nous avons choisi la deuxième option. Mais nous devons savoir d’abord quoi et à qui pardonner. Pour y parvenir une seule exigence, la vérité”

S. L.

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