Dans son allocution, le n°1 de l’UDR a d’emblée passé au peigne fin l’actualité politico-économique de l’Algérie, avec une approche rationnelle, dépoussiérée des pesanteurs des traditionnels discours. Selon M. Benyounès, même si l’UDR n’est pas dans les institutions, elle ne l’est pas aussi dans l’opposition, “nous restons une force de proposition et si nous sommes appelés à faire partie des institutions, c’est aux différents organes du parti d’en trancher démocratiquement”. Il cite au passage, “l’échec des partis démocrates, dû essentiellement à l’absence de fonctionnement démocratique, bien que les responsables ne cessent de s’en réclamer. Leçon tirée de cette expérience, l’UDR a élu tous ces responsables à tous les niveaux par le vote des militants, ce qui explique le retard pris par le parti pour sa structuration, la démocratie demande plus de temps que les nominations”. Le conférencier se demande pourquoi, à l’ère de l’économie de marché, l’Algérie traîne la patte et n’avance pas à la cadence exigée par les temps. Cela est dû à la prédominance d’un personnel et d’une mentalité inadaptés aux règles régissant l’économie. Il cite comme exemple de réussite la téléphonie mobile qui en un temps record, a permis à près de 8 millions d’Algériens d’en disposer, cela s’est fait grâce à des privés. Comme aussi le complexe sidérurgique d’El Hadjar, qui est passé d’un état de perfusion à celui de la compétitivité, grâce à l’implication de capitaux étrangers, qui non seulement ont sauvé l’entreprise mais ont permis la préservation de l’emploi et la création d’autres postes. Sider fait travailler actuellement près de 22 000 Algériens, 8 Indiens à la tête du groupe ISPAT ont permis un niveau de production annuelle dépassant 1,8 million de tonnes. Une privatisation de ce genre est un bon exemple que les Algériens doivent encourager, pour que nos entreprises s’inscrivent dans une économie productive et marchande, garante de l’emploi. Situant l’autre problématique de notre économie, le SG de l’UDR insiste sur l’impérative réforme bancaire, préalable à tout système capitaliste en gestation, et de dire que notre pays accuse un énorme retard dans ce domaine et nuit de manière directe ou indirecte aux politiques d’investissement.
La gravité de la crise économique réside dans les faitsL’autre axe sur lequel M. Benyounès a insisté est l’assainissement du foncier. Sur ce point, il est à se demander pourquoi il est quasiment impossible de bénéficier de 100 m2 de terrain en Algérie, plus vaste 79 fois que la Belgique et 6 fois plus que la France, où l’opération en question dans ces deux pays, se réalise en un quart de tour. En ce sens, le foncier en Algérie est une véritable catastrophe à laquelle l’Etat doit répondre pour faciliter l’investissement et les exploitations individuelles. Les zones d’activité, de dépôt, le foncier industriel ont besoin d’un assainissement juridique pour l’obtention d’actes de propriété et de permis de construire, pour enfin que l’investisseur réussisse son projet économique. L’Etat se doit pour la viabilisation de ces espaces, par l’apport de l’énergie électrique, les réseaux d’AEP de gaz, et des voies d’accès. Ce sont des opérations simples mais facilitent aisément les opérations d’investissement. Aussi, M. Benyounès a mis l’accent sur le trabendo, qu’il faudra combattre comme mal fondamental de notre économie. Le phénomène du trabendo gangrène l’économie nationale, plus grave, aucun impôt n’est versé au Trésor public. Il ne faut pas perdre de vue que c’est l’argent du GIA et du terrorisme qui forme le capital financier du grand trabendo. On assiste à un véritable recyclage et blanchiment de la finance du GIA. Ce sont les islamistes qui contrôlent les grands fonds du trabendo et de l’économie parallèle, en détenteurs de capitaux, rien ne les empêche d’influer sur la politique et aspirer à la prise du pouvoir. Le grand trabendo constitue une menace politique sérieuse pour l’Etat algérien dans ses fondements républicains dès lors qu’il est un important empire financier. L’importance de la finance dans les batailles, électorales détermine l’issue des scrutins. Pour illustrer cela, on n’a qu’à se rappeler la victoire de Georges W. Bush aux USA, qui a injecté plus de 2 millions de dollars dans la campagne électorale.
La Kabylie n’a besoin ni de gourou, ni de zaïmLa Kabylie, qui tient à cœur à M. Benyounès, est abordée avec minutie en insistant sur l’urgence du règlement de la crise par le dialogue et seulement par le dialogue. Cette option, l’UDR a été l’une des seules formations politiques à y croire et à l’encourager. Réduire la crise de Kabylie à la destitution des assemblées, et l’organisation des partielles ne constitue point une solution à l’impasse de la région. Cette dernière a plus besoin de relance économique et de projets à même d’élever le niveau de vie des citoyens, de créer de l’emploi. Cela ne peut être possible qu’à condition de rétablir la paix et la sérénité dans la région. Les populations de cette localité savent mieux que quiconque que seule la relance économique sauvera la région et la fera sortir du tunnel, quand on sait que 7 citoyens sur 10 en Kabylie sont chômeurs, c’est une bombe à retardement qu’il faudra désamorcer dès à présent. La Kabylie n’a besoin ni de gourou ni de zaïm, mais une solution économique serait la seule à pouvoir mettre un trait à l’ensemble des difficultés vécues au quotidien. Le dialogue entre les archs et le gouvernement donne déjà des résultats très encourageants, au bénéfice de la région. Si élections il y a en Kabylie, cela devrait concerner aussi les députés du 30 mai qui n’ont pas plus de légitimité que les maires même si pour ces derniers, dans certains cas, le nombre d’élus dépasse le nombre d’électeurs. La crise de Kabylie est beaucoup plus complexe qu’on ne le pense, les indus élus sont un vecteur et non la totalité de la crise.
Oui à l’amnistie, non à la capitulationNous soutenons le projet d’amnistie engagé par le président de la République pour diverses raisons. D’abord cela intervient après la victoire de l’Etat sur le terrorisme, le rapport de force n’est plus celui des années 1994/1995 où fut tenu le contrat de Saint-Egidio que nous rejetons dans le fond et la forme. L’amnistie, d’aujourd’hui même si nous ne connaissons pas le détail, demeure une initiative de l’Etat algérien, dans la plénitude de ses forces. Par Amnistie, il est hors de question de transformer la défaite militaire des islamistes en victoire politique. Deux exemples d’amnistie à travers le monde nous font inspirer pour cautionner la chose en question. En Afrique du Sud, il a fallu éradiquer l’Apartheid pour engager la politique d’amnistie initiée par Nelson Mandela, le même scénario s’est produit en Allemagne, la réconciliation ne s’est mise sur les rails qu’une fois le nazisme totalement vaincu. L’amnistie amènera la paix en faveur de l’Etat, le risque sur la République est totalement évacué, ce qui justifie notre soutien au projet, nous évoluons en fonction des données réelles loin de tout positionnement dogmatique.
Pourquoi nous soutenons BouteflikaL’UDR est le seul parti à soutenir le programme de Bouteflika dans son second mandat pour accomplir les réformes sans qu’il y ait de négociations. En cette date anniversaire de sa réélection, le constat à faire est clair. Plusieurs chantiers mis en branle tels que la réforme de la justice, de l’école, la relance économique, le retour de l’Algérie sur l’arène internationale, le code de la famille. En démocratie, on ne peut pas être insensibles à ces réalisations d’où la raison de notre soutien. De plus, il y a lieu de signaler que 85% des Algériens ont plébiscité le président de la République par la voie des urnes et que eux qui parlaient de fraude ont fini par se taire. Nous enregistrons une avancée considérable dans Plusieurs domaines. Il faut être myope pour ne pas voir tout ça. Beaucoup se sont trompés sur l’élection du 8 avril, celui qui veut accéder à la politique doit passer par les urnes et non sur les chars. Abordant la légitimité historique, M. Benyounès souhaiterait voir le président Bouteflika mener à bout cette tâche. Car les faux moudjahidine qui sont au nombre de 900 000, alors qu’à l’Indépendance il n’en restait que 60 000, squattent gravement les institutions et reviennent trop chers à l’Etat. la fin de la légitimité historiques engagera l’Algérie sur de nouvelles bases et de nouvelles valeurs. Le n° 1 de l’UDR se prononce sur l’organisation d’élections générales, tout en s’interrogeant sur le jeu malsain des députés actuels. Bouteflika est majoritaire dans la société, mais minoritaire dans l’APN qu’il faudra impérativement renouveler.
Khaled Zahem