Le délégué des archs de la coordination d’Azazga, Tahar Allik a été condamné, le 10 mai dernier, dans deux affaires, l’une à trois mois de prison ferme et 1 000 dinars d’amende et l’autre à un mois de prison ferme avec 10 000 dinars d’amende, par le tribunal d’Azazga.La première affaire, n° 828/2006, est relative, selon le concerné, à une plainte déposée par un ex-“indu” élu de Yakouren en 2003. Une plainte qui renvoie aux incidents ayant caractérisé le déroulement de la campagne électorale pour les municipales controversées, d’octobre 2002 durant lesquelles les délégués des archs se sont opposés à la tenue de ce scrutin. Le tribunal qui a délibéré par contumace sur cette affaire le 10 mai 2006, a retenu le chef d’accusation «menace, coups et blessures volontaires».Le second dossier, dans lequel Allik est condamné à un mois de prison ferme et 10 000 dinars d’amende, est relatif à une déposition faite par un militant du FFS en 2003 également et qui renvoie à la même periode que la première. Ainsi, ce rebondissement dans le jugement et la condamnation des délégués des archs, suscite moults interrogations. En ce sens que la chefferie du gouvernement, en sa qualité d’interlocuteur direct au nom de l’Etat algérien dans le processus du dialogue avec les représentants du Mouvement citoyen, s’est engagée à cesser toutes les poursuites judiciaires actionnées contre les délégués.Elle a été, d’ailleurs, précédée par la libération de tous les détenus, mis en prison durant la mandature de Ali Benflis, en sa qualité de chef du gouvernement, avant de procéder à l’annulation de toutes les poursuites, afin d’aborder «sereinement», le processus des pourparlers en vue de trouver une issue à la crise de Kabylie. Ahmed Ouyahia, alors à la tête du gouvernement, a eu connaissance de ces deux affaires, selon le concerné lui-même, qui affirme lui avoir remis sa requête, en 2005, par le biais du porte-parole des délégués, Belaid Abrika. Des garanties ont été ainsi données par Ouyahia au chef de fil des dialoguistes, allant dans le sens d’assainir tous les dossiers justiciables et les rendre caducs concernant les délégués, poursuivis durant la période 2001 à 2005, affirme, par ailleurs, Tahar Allik. Cette décision prise alors par Ahmed Ouyahia, en sa qualité de chef du gouvernement, a été confirmée par une source très proche de ce dossier, qui affirme l’existence d’une instruction émanant du ministre de la Justice, garde des Sceaux, à l’effet de cesser toutes les poursuites à l’encontre des délégués des archs. Ce rebondissement, qui remet en cause une décision prise par un chef du gouvernement, ayant représenté et engagé l’Etat algérien dans le processus du dialogue, qui devrait solutionner la plus grave crise politique et sociale du pays post-indépendance, risque fort d’avoir un effet d’entraînement des plus invraisemblables dans l’ensemble des engagements contenus dans les accords gouvernements-archs signés en janvier 2004.
M.A.T
