L’ex-P-dg de l’EPLF s’explique devant le jury

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L’ex-président-directeur général de l’EPLF de Tizi Ouzou Arezki.B, accusé par le parquet d’avoir dilapidé des biens publics de l’entreprise, estimés à 3,7 milliards de centimes a comparu, hier devant le jury près le tribunal criminel de Tizi Ouzou pour répondre aux charges retenues contre lui.Le trou financier a été détecté à l’issue d’une enquête menée par des experts, suite à une instruction judiciaire, laquelle a débouché sur des conclusions remettant en cause la gestion de l’ex-P-dg, de la periode allant de 1995 à 1998.Cette affaire qui oppose ce cadre à l’actuelle direction générale de l’EPLF est portée auprès des tribunaux, suite à un dépôt de plainte de l’actuel P-dg Smail Kaci, le 16 juin 1999, alors qu’il prenait la destinée de l’entreprise par intérim.L’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation indique qu’au terme de son mandat, l’ex-P-dg a provoqué un énorme préjudice à l’entreprise, et ce en vendant des logements à des prix symboliques pour des amis et des proches. Il a également selon le rapport de la chambre d’accusation, signé des conventions sans en informer sa tutelle ou même se réunir avec son conseil d’administration. Le document évoque des rabattements allant jusqu’à 70 %, alors que les bénéficiaires ne se sont pas acquittés de la première tranche.Appelé à la barre, le prévenu a nié tous les faits qui lui sont reprochés, en déclarant que sa venue est motivée par le souci de la tutelle de donner un nouveau souffle à l’entreprise. «A mon arrivée, les caisses de l’entreprise étaient vides, l’entreprise est accablée par une dette vis-à-vis du CPA qui se chiffre à 90 milliards de centimes», dira-t-il. Tout en reconnaissant qu’il y avait des problèmes de payement, A.B ajoute, «durant ma période il y avait l’insécurité, ce qui fait que dans 14 communes, il y a des logements inhabités. 5 à 10 % de logements sont vides.» C’est pour cela, dira-t-il, «que nous avons entrepris des campagnes publicitaires et d’expositions de nos produits.»Une autre affaire le liant à un entrepreneur français qui a supervisé une campagne de publicité en 1997 en France a été évoquée par le parquet, qui voulait maintenir la charge de transfert illégal de devises. Une question à laquelle le prévenu a répliqué que ce partenariat existait avant lui et travaillait déjà en étroite collaboration avec l’entreprise, en insistant sur le fait que les décisions se prennent collégialement dans le conseil d’administration. Interrogé sur la somme de 500 millions de centimes offert à l’ENTV, en contrepartie d’une publicité dans l’émission RAM-TV 97, alors que la convention stipule que l’EPLF doit sponsoriser l’émission par l’octroi d’un logement uniquement. Le prévenu a répondu : «C’est nous qui n’avons pas compris les termes du contrat qui définit le sponsoring de la publicité.»Les déclarations de l’accusé ont été battues en brèche par le témoignage de l’actuel P-dg, qui était durant la période précité directeur-général adjoint. «L’ex-PDG prenait des décisions unilatérales, même les plus stratégiques», soutient-il.«Je démens formellement les propos de l’accusé, qui déclare que j’ai rédigé la convention avec le partenaire français. J’insiste M. le Président c’est lui qui prend les décisions», renchérit le plaignant. La dette de l’entreprise était à l’origine de 42 milliards de centimes, au bout de quelques années, la direction a remboursé 120 milliards de centimes, indique-t-il aux magistrats. Dans ce procès, le parquet a appelé 19 témoins entre bénéficiaires et fonctionnaires de l’EPLF pour apporter des éclaircissements, quant à la gestion de l’entreprise durant la periode allant de 1995 à 1998. Toutefois, il y a lieu de signaler que la défense de l’accusé a déjà marqué un point en faveur de son client, puisque avant l’entame du procès, elle a introduit un recours portant sur la nullité de l’arrêt de renvoi, pour la simple raison qu’il se réfère à la condamnation sur des articles du code pénal abrogés par la loi 06-01 du 20 février 2006 portant sur la lutte contre la corruption.Sachant que le jury ne peut sortir du cadre juridique contenu dans l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation, un rejet de forme pourrait être le verdict dans cette affaire.

M.Ait Frawsen

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