Qui n’avance pas recule

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Il suffit de pénétrer le centre-ville de Bordj Ménaïel pour se faire déjà une idée de la situation dramatique qui y prévaut et du retard accusé par cette agglomération et ceci, dans tous les domaines. Retard, un terme conventionnel qui signifie plutôt ici oubli, désolation, dénuement. Par la faute de tout le monde, la région n’a jamais bénéficié d’aucun programme de développement, c’est un statut d’abandon des autorités gouvernementales, wilayales et locales, que contestent les habitants de la région qui se considèrent en quelque sorte des laissés-pour-compte, des oubliés. “Trop, c’en est trop !” affirme un citoyen. C’est tout à fait incidemment, alors que nous nous trouvions pour un reportage sur les raisons qui avaient poussé les citoyens de Aïn Skhoun à bloquer la Route nationale 12, que nous avons été contacté par des citoyens de Bordj Ménaïel, contacté, le mot n’est pas tout à fait juste. Plutôt tenaces, nos interlocuteurs. Nous sommes donc allés voir de plus près, voir les difficultés dans lesquelles ils vivent. Des difficultés que l’on retrouve en somme dans toutes les communes algériennes mais à Bordj Ménaïel, elles sont différentes sur plusieurs points. Comment se fait-il qu’une commune de plus de 80 000 âmes soit totalement ignorée et n’a jamais pris le train du progrès qui devait démarrer en 1962 et elle n’est pas prête à le prendre de sitôt, vu l’incompétence des responsables locaux, qui ont failli à leurs tâches en comparaison d’autres régions. Bordj Ménaïel n’a pas de ressources, elle n’a ni unités économiques ni projets de construction, pour pouvoir espérer créer des richesses mais aussi occuper les jeunes par des emplois stables productifs. Tout reste à faire dans cette région dédaignée par tous les programmes de développement, qui se sont succédé.Ses habitants ont tenu à énumérer les maux qui rongent leur ville, à savoir l’insécurité qui règne, ponctuée par des assassinats (crimes) nombreux qui ont eu lieu, dont le dernier a été commis au niveau de la gare routière. Vient ensuite le phénomène de la drogue qui prend une allure dramatique et touche des quartiers entiers de la ville. Et enfin, l’alcoolisme à ciel ouvert avec des jeunes s’adonnant aux boissons alcoolisées, à tel point qu’ils se baladent avec des canettes de bière au vu et au su de tout le monde qu’ils vident et jettent au fur et à mesure qu’augmentent leurs ivresses et gare à la moindre remarque !

Kouider Djouab

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