Retour

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L’été, c’est avant tout, pour beaucoup de Kabyles, le retour des émigrés. On en reconnaît quelques uns, dans les ruelles des villages, ou les cafés, avec leurs bérets basques ou, c’est nouveau, leurs casquettes. D’autres se distinguent par leur accent parisien ou marseillais… On ne manque pas de les railler, ainsi que tous ceux, hommes, femmes et enfants qui prennent des airs d’ailleurs, mais on apprécie aussi leur présence. Et eux, en dépit des airs de condescendance de certains se sentent chez eux ! Certains ont les moyens de se payer de belles vacances, en Espagne, en Italie ou en Thaïlande mais ils préfèrent leur coin d’Algérie, leur village haut perché et la maison ancestrale, parfois sans les commodités auxquelles on est habitué. “Ici, dit cet adolescent, je suis chez moi, parmi les miens !’’. Même s’il faut aller chercher l’eau à la fontaine, même si on coupe régulièrement l’électricité ou que l’on ne s’entend pas avec le voisin ou le cousin, avec qui on a un différend.Certains jeunes ne comprennent pas cet engouement des émigrés pour le pays natal : un pays où selon eux, il n’y a rien à voir ni à faire et qu’ils s’empresseraient de quitter s’ils pouvaient obtenir un visa. Mais ce que ces jeunes ne comprennent pas, c’est que l’exil, même s’il est doré, reste l’exil : une coupure avec le pays, la famille, les amis, la culture ambiante, un mode de vie et que le retour est toujours vécu comme un ressourcement. Même si cela ne dure que quelques semaines…

S. Aït Larba

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