“Quand dans un royaume, il y a plus d’avantages à faire sa cour qu’à faire son devoir, alors tout est perdu”. C’est ainsi que Montesquieu définissait la société en son temps et il semblerait que cela se serait mis au goût du jour. “Il faut tout un village pour assurer la bonne éducation d’un enfant”, le rappelle si bien Mme Hillary Clinton dans son ouvrage du même titre.Dans le milieu de l’éducation, il paraîtrait que l’on aurait avantage à bien présenter son travail par le biais d’une préparation propre à satisfaire plus le supérieur hiérarchique chargé de superviser que le devoir de former les générations futures. Cela se constate rien qu’à voir la fébrilité des éducateurs dès l’annonce de l’arrivée toujours inopinée du “contrôleur” dans les environs.Mais si l’on se réfère au livre cité en titre, il ne faut jamais oublier que, Jean-Jacques Rousseau, ce parfait éducateur n’a jamais su être un bon père, sachant pertinemment que sa progéniture a été confiée aux bons soins de l’assistance publique. Aujourd’hui, la rue et la délinquance font office d’assistance publique pour cette jeunesse qui se devrait d’être à l’avant-garde de la bonne éducation en vertu du paramètre de rigueur : “tel père, tel fils !”. Certes les mémoires ne parlent pas de ces enfants abandonnés ni de ce qu’ils sont devenus, l’assistance publique se coiffant du privilège de l’anonymat, cependant tout le monde remarque et constate l’état déplorable de l’éducation que certains parents n’ont pas su donner à leurs enfants en dépit de la situation sociale et financière, malgré leur position professionnelle. Faudrait-il croire que lorsque les deux parents travaillent et, -comble de l’ironie, dans l’éducation- l’éducation de leur progéniture relève de la rue et de la fréquentation dont les conséquences néfastes sont claires ? La toxicomanie les attend, bras ouverts et bien accueillants.Quel bel exemple pour les parents d’élèves qui seraient alors en droit de s’interroger sur l’éducation réservée à leurs enfants confiés à une tutelle pareille !En outre, lorsque sa propre gestion est sujette à caution, que l’on s’est attiré les foudres de ses supérieurs, l’on ne doit pas se comporter comme le caporal qui passe sa “colère refoulée” sur le dos du “contingent sous ses ordres”. La vindicte ne saurait s’insérer dans l’âme d’un éducateur qui se respecte et connaît les valeurs d’un métier dont il se fait vocation.Peut-on oublier que le maire d’Aït Khelili a dû intervenir pour éviter l’anarchie du déplacement des écoliers de sa commune vers un autre CEM, sachant que le leur existe et peut remplir la mission de centre d’examen, il a fallu alors opérer des transferts de dernière minute et déplacer tout le monde. Soit l’on se soumet, soit l’on se révolte, et surtout l’on assume lorsqu’on a tout fait pour se faire taper sur les doigts. Un bon responsable éducateur n’a pas le droit d’oublier qu’il est chargé de veiller à ce que tout se passe bien dans son secteur où il doit se faire un devoir d’établir une cohésion totale et une totale complémentarité.Les prétextes pour sévir s’avèrent souvent nombreux, encore faudrait-il qu’ils soient justifiés par la raison de service -et la prestation de service au bénéfice de l’enfant- et non par la revanche dont certains ne savent nullement comment se défaire en dépit du titre pompeux qu’ils ont tout fait pour acquérir (certains le méritent-ils ?) et qu’ils ne sont nullement capables d’assumer. Et les textes sont clairs.Le secteur de l’éducation s’est toujours abstenu de faire valoir les desiderata personnels et l’esprit de revanche devrait être banni d’une fonction, où seules les qualités éducatives et professionnelles se doivent d’apparaître. Comment se peut-il que l’on ose dresser le personnel les uns contre les autres ? l’objectif est-il de diviser pour mieux régner ? Et dire que “Le maître a failli être un prophète.”Certainement, il faudrait rappeler certains à leurs devoirs et leur fixer les limites des prérogatives propres à leur fonction pour les amener à comprendre que la responsabilité s’assume dans le respect de l’autre, celui des individus, des personnalités et des fonctions, que celui qui veut diriger selon les normes éducatives doit savoir être lui-même digne de cette responsabilité hautement significative mais combien stratégique dans la formation des générations ! celui qui n’a pas le sens de l’éducation devra rester en dehors de l’éducation qui n’accepte en son sein que ceux qui font abstraction de leur personne et vocation de transmettre le savoir en forgeant les adultes de demain. l’éducation s’en fait un devoir et un honneur.S’il est interdit de renvoyer un enfant qui arrive en retard à ses cours, il doit être aussi interdit de renvoyer un éducateur victime des aléas de la circulation, convoqué à des kilomètres de distance sans considération de ses moyens de déplacement et tout tremblant de crainte et surtout de honte d’être le dernier arrivé. “La hantise de déplaire génère l’obséquiosité et ne garantira jamais la qualité des relations dans une société qui se respecte”. Le respect de l’autre devra reprendre ses droits et la dignité de tout un chacun ne s’en portera que mieux, améliorant les relations entre les individus pour une cohabitation et une collégialité conséquente et harmonieuse. A quoi cela peut-il bien servir de demander à faire remplir, dans un délai record, des tas de fiches qui ne trouveront leur place qu’au fond d’une corbeille à papiers qui déborde de ceux qui n’ont servi qu’à faire perdre son temps à un éducateur qui l’aurait rempli à s’occuper d’une tâche beaucoup plus essentielle ? Est-il décent de déclarer que “ce rapport n’a aucune valeur : c’est un chiffon de papier !” quand on sait que son rédacteur s’est échiné à faire des recherches sans avoir ni le temps ni les moyens ?Quand on s’acharne à obtenir la responsabilité de deux zones distinctes, séparées et éloignées l’une de l’autre, il faut d’abord penser à se donner les moyens de s’assumer. “On n’abaisse pas un niveau au sien, il faut y accéder !” Et, les individus qui se regroupent autour d’un responsable sont des personnes dotées de compétences respectables, d’un jugement, d’une personnalité civile et civique et d’une responsabilité morale, matérielle et socioprofessionnelle.Mais les devoirs de la charge ne sauraient dispenser le fonctionnaire d’avoir un amour propre si souvent mis à l’épreuve par des allégations irrévérencieuses, tendancieuses, insultantes et vexatoires, lorqu’un responsable hiérarchique se permet d’outrepasser ses prérogatives et d’agir sans savoir maîtriser ses instincts et son esprit de revanche sur une corporation par laquelle son comportement “hautement snob” le fait détester et dirait-on mépriser au point de haïr. Lorsque les liens du respect se dénouent d’un supérieur à un subalterne, ceux du subalterne au supérieur font place à un dégoût profond de la raison qui les lie en dépit de toute logique et de toute morale.Le “Monsieur-je-sais-tout-je-connais-tout-vous-ne-savez-rien-c’est-moi-qui-commande” ne tardera pas à voir les rangs se vider autour de lui et le verger de la culture enrichissante des valeurs ancestrales et nationales se transformera bientôt, pour ceux qui n’en sont pas dotés, en une vaste steppe désertique sachant que “le désert de l’inculture est plus vaste que le verger de la science !”Quant à la bonne éducation, selon les principes de la formation des générations de demain, elle ne peut que se faire un devoir de rejeter ceux dont l’éducation, les bonnes mœurs et la moralité sont sujettes à critique.
Saïd Mecherri
