L’affaire Hocine Chaibet reportée au 18 septembre

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Vingt-huit avril 2001, au moment où le soulèvement se généralisait en Kabylie, le collégien Hocine Chaibet est tombé comme beaucoup d’autres jeunes sous les balles assassines des gardes communaux du détachement d’Ait Yahia Moussa. Cinq gardes communaux avaient été mis aux arrêts, puis libérés. La famille de la victime du Printemps noir commence son parcours du combattant pour que les auteurs soient jugés. “Nous avons formulé une demande auprès de la Cour suprême. Malheureusement après étude du dossier, l’affaire est confiée à la correctionnelle. Décision que nous rejetons, car il s’agit bel et bien d’un crime. Si cette affaire passe en correctionnelle la peine ne dépassera pas une condamnation d’une année de prison avec sursis”, nous a confié Amar Chaibet, le frère de Hocine. Et d’ajouter : “nous exigeons qu’elle passe en criminelle”. Cette affaire, qui devait avoir lieu le vingt-six juin dernier, a été renvoyée à hier. Encore une fois, le procès est reporté au dix-huit septembre prochain sur la demande des avocats de la partie adverse. Quant au chef d’inculpation, retenu à l’encontre des auteurs, nous avons appris qu’ils seront poursuivis pour mort accidentelle. Chef d’inculpation rejeté par la famille de la victime. Au moment où nous allions quitter le tribunal, nous nous sommes rapprochés d’un témoin direct qui nous a relaté les faits. “En tant que délégué à la sécurité, je porte le témoignage suivant : alors que les évènements commençaient à devenir sérieux, j’avais appelé la brigade de gendarmerie de Draâ El Mizan, le chef du sous-secteur militaire. Ces responsables m’avaient répondu qu’il ne fallait rien faire et laisser les jeunes faire ce qu’ils voulaient et qu’il n’était pas question d’utiliser les armes. Sur ce, je m’étais rendu jusqu’au détachement qui était absent à cette heure ci. Je suis revenu et me suis posté devant l’immeuble en face de la mairie”. Il s’interrompit pour nous donner ce détail : “il y avait tout près de moi, l’ancien maire et son adjoint, c’est-à-dire M. Djebouri et M. Khoudir. Nous essayions d’apaiser les esprits quand le chef de détachement est arrivé à bord de sa Clio. Trente minutes après, des rafales fusaient en direction de la foule. Hocine Chaibet, cartable au dos, tomba à quelques deux cent mètres du lieu d’où venaient la balle. Trois autres jeunes ont été blessés. Le chef du sous-secteur était arrivé sur les lieux. Les gardes communaux, qui avaient tiré furent arrêtés alors que les militaires furent soumis au contrôle. Aucune balle ne leur manquait”. Pour la famille Chaibet, c’est de la confusion. “Nous avons demandé une autre enquête, mais rien n’a été fait. On veut encore noyer cette affaire alors que notre famille n’ouvre droit aujourd’hui qu’à huit mille dinars dans l’affaire de mon père tué lui aussi par la garde communale, “par erreur”, en 1996”, a ajouté Amar Chaibet qui ne croit pas que ce procès se déroule dans la transparence.

H. N.

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